tombant au milieu des eaux profondes, et vit peu d’instants après l’Éthiopien rentrer dans le temple.
Faustine quitta ses coussins, se leva et s’approcha de la sorcière qui, courbée vers le tapis, semblait y déchiffrer les caractères tracés par la main de la mourante…
Faustine se courba aussi, et suivit d’un œil sombre tous les mouvements de la Thessalienne ; celle-ci avait traversé d’une aiguille la boule de cire symbolisant le cœur de Siomara, rivale de la grande dame, et ensuite attaché le cheveu de Faustine à cette aiguille ; puis, tout en marmottant des paroles confuses, elle la piquait çà et là sur les caractères blancs tracés par l’esclave agonisante.
De temps à autre Faustine demandait à la sorcière avec anxiété :
— Que lis-tu ?… que lis-tu ?
— Rien de bon jusqu’ici…
— Chimère… fourberie que ta magie ! — s’écria la noble dame en se redressant avec dédain ; — vains jeux que tout cela !…
— Voici pourtant un signe meilleur, — reprit la vieille en se parlant à elle-même et sans s’inquiéter des paroles de la Romaine. — Oui… oui… En comparant ce signe à cet autre demi effacé… c’est bon… très-bon…
— Tu as de l’espoir ? — dit Faustine.
Et de nouveau elle se courba auprès de la vieille.
— Pourtant, — reprit celle-ci en hochant la tête, — voici le cœur de Siomara qui vient de tourner trois fois sur lui-même… Mauvais… mauvais présage !
— Je suis folle de t’écouter ! — s’écria Faustine en se redressant courroucée. — Va-t’en… sors d’ici… orfraie de l’enfer… oiseau de malheur ! grande est mon envie de te faire payer cher ton effronterie et tes impostures.
— Par Vénus ! — s’écria soudain la magicienne sans avoir paru entendre les imprécations de Faustine, — je n’ai jamais vu prédiction plus évidente, plus assurée, car ces trois derniers signes le disent…