Gauloise s’appelle Siomara… Elle a été revendue lors de la succession du vieux et riche seigneur Trymalcion, qui a laissé de si grands souvenirs d’opulence et d’impériale débauche en Italie !
Les derniers doutes de Sylvest s’évanouirent… La courtisane gauloise… c’était sa sœur… sa sœur Siomara, qu’il n’avait pas revue depuis dix-huit ans…
Faustine avait écouté la sorcière dans un sombre silence ; elle lui dit :
— Ainsi, Mont-Liban aime cette courtisane ?… il en est aimé ?…
— Tu l’as dit, noble dame.
— Écoute… Tu prétends ton art puissant : peux-tu rompre à l’instant le charme qui attache cet homme à cette vile créature ?
— Non ; mais je peux te prédire si ce charme sera ou non rompu… et s’il le sera tard… ou bientôt.
— Alors parle ! — s’écria Faustine qui, en ce moment, semblait plus sinistre et plus pâle encore ; — si ton art n’est pas un mensonge… dis-moi l’avenir à l’instant… Parle…
— Crois-tu donc que l’avenir se dévoile à nous sans cérémonie propitiatoire ?…
— Fais ta cérémonie… hâte-toi…
— Il me faut trois choses…
— Lesquelles ?…
— Un de tes cheveux.
— Le voilà, — dit Faustine en arrachant un de ses noirs cheveux à travers les mailles de sa résille d’or.
— Il me faut encore une boulette de cire ; elle représentera le cœur de Siomara, la belle Gauloise, et je percerai d’une aiguille ce cœur figuré.
— Érèbe, — dit Faustine au gigantesque Éthiopien, — prends un morceau de cire à ce flambeau…
Et s’adressant à la sorcière :
— Que veux-tu encore ?