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mise en accusation des indulgents ; et à ce propos, Danton prononça ces belles et généreuses paroles :

« — Ce devrait être un principe incontestable parmi les patriotes, de ne jamais traiter comme suspects des vétérans révolutionnaires qui, de l’aveu public, ont constamment servi la liberté. Telle est ma profession de foi ; j’invite mes collègues à la faire dans leur cœur. Je jure de me dépouiller de toute passion lorsque j’aurai à me prononcer sur les écrits, sur les opinions, sur les actes de ceux qui ont servi la cause du peuple ; n’oublions pas qu’un premier pas dans la voie de l’iniquité conduit à un second. »

Cependant, l’audacieuse et folle tentative insurrectionnelle des hébertistes permit à Robespierre d’arracher aux comités un acte d’accusation contre quelques-uns des hommes les plus méprisables, les plus décriés de ce parti, que des citoyens d’une moralité éprouvée, tels que Billaud-Varenne, avaient cependant le triste courage de défendre : leur énergie révolutionnaire, leur ardent terrorisme, excusaient presque à ses yeux leur dépravation, leur férocité. Les hébertistes, sachant la haine dont les poursuivait le parti jacobin, personnifié dans Robespierre, et craignant qu’il n’usât, pour les perdre, de l’autorité qu’il prenait parfois sur la Convention, voulurent tenter un nouveau 31 mai ; ils dominaient au club des Cordeliers, et le 14 ventose (février), Carrier, de retour de sa mission en Bretagne, et sachant l’horreur que ses crimes inspiraient aux honnêtes gens de la Convention, ouvrit la séance du club, et dit :

« — J’ai été effrayé, à mon arrivée à la Convention, de ce que j’y ai vu et entendu. On voudrait faire rétrograder la révolution, on s’apitoie sur le sort de ceux que le glaive de la loi a frappés ! Les monstres ! ils voudraient briser les échafauds ; mais, citoyens, ne l’oublions jamais : ceux qui ne veulent pas de la guillotine, sentent qu’ils méritent d’être guillotinés ! Cordeliers ! vous voulez faire un journal maratiste ! j’applaudis à votre idée, à votre entreprise ; mais cette digue sera bien faible contre la scélératesse de ceux qui veulent tuer la république ; l’insurrection, une nouvelle insurrection, voilà ce que vous devez opposer aux scélérats ! ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Hébert, l’ignoble écrivain du Père Duchesne, Hébert prit à son tour la parole :

« — Il est temps que le peuple apprenne aux fripons, aux voleurs siégeant à la Convention, qu’ils doivent descendre de leurs carrosses et rendre hommage à la guillotine ! Les voleurs ne sont pas