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Douze mille hommes sont déjà au delà de Wissembourg. Le reste de l’armée part demain, de grand matin, et je vais prendre une position en attendant l’instant de frapper de nouveau. La route de Bitche à Wissembourg est libre. Les Prussiens ont abandonné les plus belles positions et les mieux fortifiées par l’art et la nature. Une de mes colonnes est à une lieue d’Amweiller, une autre à Dahn, une troisième à Nothweiller. Moi, je suis ici. Michaud marche avec sa division sur Bickelberg à travers la forêt de Bienvalt, et Desaix sur Hagenbach, après avoir pris Lauterbourg et forcé les ennemis à lui abandonner quatorze pièces de canon et des munitions de toute espèce en grand nombre. Je vais suivre mon mouvement général. À l’instant on m’amène… Horreur de la nature !!… des brigands pris les armes à la main tournée contre la patrie. Je dois les plus grands éloges à toutes les troupes. Un vieillard, le général Vernet, âgé de soixante-douze ans, s’empare avec sa colonne du château de Geisberg, et de deux pièces de canon ennemis.

» Un seul homme, le citoyen Donadieu, que j’avais chargé de couper la retraite aux ennemis, a manqué de cœur. Il s’est éloigné à la vue d’une batterie… il est en état d’arrestation.

» HOCHE. »

Olivier fut nommé lieutenant au troisième hussards en récompense de sa charge brillante contre les cuirassiers de Gerolstein. Le capitaine Martin fut élu à l’unanimité commandant du bataillon de volontaires parisiens, en remplacement de son prédécesseur, tué à l’attaque du plateau de Geisberg. L’étendard des cuirassiers de Gerolstein ayant été porté à Hoche par Jean Lebrenn, celui-ci reçut de la main du jeune général, en honneur et mémoire de ce fait d’armes, un sabre pris sur l’ennemi.

Le soir, Hoche adressait à l’armée cet ordre du jour laconique et d’une grandeur républicaine :

« RÉPUBLICAINS !

» WISSEMBOURG EST PRIS… VOUS AVEZ FAIT VOTRE DEVOIR.

» HOCHE. »

Le but de la campagne de l’armée de Rhin et Moselle fut atteint : le 8 nivose, Hoche écrivait au ministre de la guerre ce billet :

« Landau, 8 nivose.

» Citoyen ministre, je profite d’un courrier pour te dire un seul mot : Nous nous battons. Mais le temps est couvert de neige… je t’écrirai demain.

» Salut et fraternité,
» HOCHE. »