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jour la branche cadette, que l’on voulait introniser en sa personne, pourrait avoir le même sort ; et, qu’en ce cas, ce serait pour lui la perte de ses biens. De là ces tiraillements entre son ambition et son intérêt.

HÉNORY. — Triste présage pour son règne que cette basse cupidité.

DURESNEL. — Heureux présage, au contraire, madame Hénory ! cette cupidité hâtera peut-être sa chute.

MARIK. — Me voici renseigné sur les menées des orléanistes, mais notre parti, mon père, n’a-t-il pas tenté de les contrebalancer ?

JEAN LEBRENN. — Deux mots encore sur les députés, puis je t’instruirai de ce qui s’est passé à l’Hôtel de Ville et qui inquiétait extrêmement ces 221 ; aussi convinrent-ils hier de se réunir au palais Bourbon en séance solennelle. Il en fut ainsi, M. Laffitte, nommé président de l’assemblée, propose nettement de déférer au duc d’Orléans la lieutenance générale du royaume. La majorité applaudit et nomme une commission chargée de se rendre à la Chambre des pairs, aussi réunie, et de l’instruire de la décision des députés. Les pairs acclament à l’instant la lieutenance générale du duc d’Orléans avec autant d’enthousiasme qu’ils en avaient témoigné en acclamant Napoléon à son retour de l’île d’Elbe, afin de redevenir sénateurs ; de même qu’après les Cent-Jours, ils acclamèrent de nouveau les Bourbons, afin de redevenir pairs de France. Une seule voix protesta contre cette turpitude : la voix éloquente et généreuse de Chateaubriand. Il soutint avec raison que les députés, non plus que les pairs, n’ayant reçu de la nation aucun mandat constituant qui pût les autoriser à déclarer le trône vacant et à déléguer la couronne au duc d’Orléans, pas plus que la lieutenance générale du royaume, leur décision était nulle ; mais la Chambre des pairs passa outre, et M. le duc d’Orléans est reconnu lieutenant général du royaume par les députés et les pairs de France. Voici maintenant ce qui se passa à l’Hôtel de Ville : Une commission municipale s’était établie à la maison commune avant l’arrivée de La Fayette ; elle se composait de Casimir Périer, du général Lobau et de MM. de Schonen, Audry de Puyraveau et Mauguin ; ces deux derniers, très-énergiques et très-opposés aux orléanistes ; aussi voulaient-ils que la commission s’intitulât gouvernement provisoire ; mais la majorité n’y consentit point, voulant au contraire, soit, comme Casimir Périer, pouvoir traiter jusqu’à la fin avec Charles X, soit, comme le général Lobau, garder, comme on dit, la place au duc d’Orléans. En effet, MM. de