Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 16.djvu/281

Cette page n’a pas encore été corrigée

des moyens extraordinaires. Avant tout, je demande que vous preniez des mesures pour la sûreté de la représentation nationale. (Appuyé ! — Vifs applaudissements.)

BERTRAND (du Calvados). — Le conseil des Anciens, en décrétant la translation du Corps législatif à Saint-Cloud, a usé d’un droit constitutionnel, mais le conseil, en nommant un général en chef, s’est arrogé un droit qu’il n’avait pas. (Bravo ! bravo ! ) Je demande que vous décrétiez à l’instant que le général Bonaparte n’aura pas le commandement des grenadiers qui composent notre garde. (Appuyé ! aux voix ! aux voix ! )

TOLOT. — Citoyens ! la constitution a été outragée. Nous, représentants du peuple français, l’on veut que nous délibérions entourés de baïonnettes dont nous ne disposons pas ! Nous ne pouvons tolérer plus longtemps une pareille position ; je demande que nous retournions à Paris ; rendons-nous dans la capitale en corps, revêtus de notre costume. Votre retour y sera protégé par le peuple et par les soldats. (Bruyants applaudissements. — Appuyé ! appuyé ! )

GRANDMAISON. — Il faut déclarer inconstitutionnelle la nomination du général Bonaparte (Oui ! oui ! — À bas le dictateur ! )

CROCHON. — Nous ne pouvons prendre une mesure précipitée, (Violents murmures.) Il fallait bien nommer un général. (Assez !… assez !… — La voix de l’orateur est étouffée par les murmures.)

MARTIN. — Je demande qu’il soit à l’instant déclaré que le général Bonaparte n’est pas le commandant de notre garde.

DESTREM. — Appuyé !… Nous retournerons ensuite à Paris… là seulement nous retrouverons notre indépendance.

BLIN. — Il y a six mille hommes de troupes ici… déclarons qu’ils font partie de la garde du Corps législatif, et, nommons un général pour les commander.

DELBREL. — Appuyé !… Allons, citoyen président… mets cette proposition aux voix.

VOIX NOMBREUSES, avec chaleur. — Oui ! oui ! Aux voix !

LUCIEN BONAPARTE. (Il a repris le fauteuil.) — Je ne m’oppose pas à cette proposition, mais je dois faire observer que les soupçons paraissent s’élever avec bien de la rapidité et bien peu de fondement ; oublierait-on tant de services rendus à la liberté par le général Bonaparte ? (Aux voix ! )

MARTIN. — Le temps passe… Aux voix la proposition !

LE PRÉSIDENT LUCIEN BONAPARTE. — Je demande qu’avant de prendre une mesure vous mandiez ici le général Bonaparte. (Explosion de clameurs.