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vive la constitution ! acclamés avec enthousiasme par les représentants du peuple.

Lucien Bonaparte, secret complice des projets liberticides de son frère, et qui a suivi avec angoisse les divers incidents de la scène précédente, semble consterné de la retraite précipitée du général, effrayé de l’attitude énergique de la majorité de l’assemblée. Une grande agitation succède au départ du général Bonaparte. Le calme se rétablit peu à peu.

LE PRÉSIDENT LUCIEN BONAPARTE. — Le mouvement qui vient d’avoir lieu au sein du conseil prouve sans doute ce que tout le monde a dans le cœur, ce que moi-même j’ai dans le mien… (PLUSIEURS MEMBRES. — Ce que nous avons dans le cœur, c’est l’amour de la république. — Oui ! oui ! ) Il était cependant naturel de croire que la démarche du général Bonaparte, qui a paru exciter de si vives inquiétudes, n’avait pour objet que de rendre compte de la situation des affaires ou de quelque objet intéressant la chose publique ; il venait remplir l’obligation que ses fonctions lui imposent ; mais je crois qu’en tout cas nul de vous ne peut soupçonner…

UN MEMBRE. — Aujourd’hui, Bonaparte a terni sa gloire ! fi !

MARTIN. — Bonaparte s’est conduit en roi ! Il aspire au trône !

LE PRÉSIDENT LUCIEN BONAPARTE. — Nul de vous ne peut soupçonner de projets liberticides celui…

GRANDMAISON, avec véhémence. — Aujourd’hui, Bonaparte a flétri ses victoires ! Je le voue à l’opprobre… à l’exécration des républicains et de tous les Français !

QUELQUES VOIX. — Oui ! oui ! (Applaudissements et murmures.)


LE PRÉSIDENT LUCIEN BONAPARTE. — Je demande, au reste, qu’on prenne tous les éclaircissements nécessaires pour rassurer le conseil.

MARTIN. — Et moi, je demande que le général Bonaparte soit traduit à la barre pour y rendre compte de sa conduite.

LE PRÉSIDENT LUCIEN BONAPARTE, avec impatience et angoisse. — Et moi, je demande de quitter le fauteuil ! 
 Chazal remplace au fauteuil le citoyen Lucien Bonaparte.

DIGUEFFE. — Le conseil des Anciens a usé d’un droit constitutionnel en changeant la résidence du Corps législatif ; il a eu sans doute de puissants motifs pour prendre cette mesure ; je demande que ces motifs soient connus. (Oui ! oui ! ) Je demande qu’en ce jour, qui aura tant d’influence sur les destinées de la république, l’on fasse connaître les chefs et les agents de la conspiration qui, dit-on, nous menace, puisque pour la déjouer il a fallu prendre