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aux bons principes avaient autrefois calmée, et que l’ineptie ou la trahison viennent de rallumer.

UN MEMBRE DE LA MINORITÉ. — C’est une insulte gratuite à la mémoire de Hoche ! il a pacifié la Vendée avec une sagesse, une prudence admirable !

LE GÉNÉRAL BONAPARTE. — Je vous le jure, représentants du peuple, la patrie n’a pas de plus zélé défenseur que moi ; je me dévoue tout entier pour faire exécuter vos ordres. Mais c’est sur vous seuls que repose son salut, car il n’y a plus de Directoire : quatre des membres qui en faisaient partie ont donné leur démission, et le cinquième a été mis en surveillance pour sa sûreté. Les dangers sont pressants : le mal s’accroît ; le ministre de la police vient de m’avertir que, dans la Vendée, plusieurs places étaient tombées entre les mains des chouans ; il m’a prévenu encore de bien d’autres dangers !

SAVARY. — La belle caution que celle de Fouché !

LE GÉNÉRAL BONAPARTE. — Représentants du peuple, le conseil des Anciens est investi d’un grand pouvoir, mais il est encore animé d’une plus grande sagesse : ne consultez qu’elle et l’imminence des dangers ; prévenez les déchirements. Évitons de perdre ces deux choses pour lesquelles nous avons fait tant de sacrifices, la liberté et l’égalité !…

LANGLET. — Vous oubliez la constitution.


LE GÉNÉRAL BONAPARTE, d’un ton méprisant et impérieux. — La constitution ?… il vous sied bien de l’invoquer ! Et peut-elle être encore une garantie pour le peuple français ? Vous l’avez violée au 18 fructidor ; vous l’avez violée au 29 floréal ; vous l’avez violée au 30 prairial. La constitution ! elle est invoquée par toutes les factions, et elle a été violée par toutes ; elle est méprisée par toutes ; elle ne peut être pour nous un moyen de salut, parce qu’elle n’obtient plus le respect de personne. La constitution ! n’est-ce pas en son nom que vous avez exercé toutes les tyrannies ? Et aujourd’hui encore, c’est en son nom que l’on conspire. Je connais tous les dangers qui vous menacent.

UN MEMBRES DE LA MINORITÉ. — Ces dangers, nous les conjurerons en nous serrant autour de la constitution, malgré les atteintes qu’on lui a portées.

VOIX DE LA MAJORITÉ. — Silence ! N’interrompez pas…

LE GÉNÉRAL BONAPARTE. — Représentants du peuple, ne voyez pas en moi un misérable intrigant qui se couvre d’un masque hypocrite ! J’ai fait mes preuves de dévouement à la république, toute dissimulation