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Régnier, et il est bien étonnant que je n’aie point été averti comme lui de la convocation extraordinaire.

PLUSIEURS MEMBRES DE LA MINORITÉ. — Nous n’en avons point été instruits non plus.

GUYOMARD. — Au reste, on m’a dit que dans la séance d’hier l’on avait voulu faire des observations, et que la liberté des opinions avait été, sinon violée, au moins étouffée. La commission a dit hier que la liberté du Corps législatif était menacée ; je ne me suis point aperçu que dans aucune de nos dernières séances nous ayons été gênés dans nos opinions ; la translation a donc été déterminée par d’autres motifs, et je demande, comme Savary, qu’on nous les fasse connaître en comité secret.

FARGUES. — Comme membre de la commission des inspecteurs, je dois la justifier des reproches qui viennent de lui être adressés ; je me bornerai à répondre qu’il y aurait autant de danger à dévoiler en comité secret qu’en public des vérités trop accablantes… (Violents murmures de la minorité.)

SAVARY, énergiquement. — C’est se jouer de nous que de nous faire une pareille réponse…

GUYOMARD, indigné. — Ces prétendus dangers ne sont donc qu’une fable, qu’une indigne comédie !…

FARGUES. — Je ne répondrai pas à cette accusation, et je prierai seulement le conseil de remarquer qu’il y a peu de jours il a investi la commission d’une confiance qu’elle croit avoir justifiée par son dévouement, et que ce serait en manquer aujourd’hui que d’élever des doutes sur la vérité de ce qu’elle vous dit…

MONTMAYON, vivement. — Devons-nous donc vous croire aveuglément, sur parole, lorsqu’il s’agit, selon vous, d’une question de vie ou de mort pour les membres de ce conseil ?

FARGUES. — Vous devez attendre que la république soit sauvée du terrible danger qui la menace, et alors la commission ne fera aucune difficulté de donner les détails qu’on demande. (Explosion de nouveaux murmures parmi la minorité.)

COLOMBEL (de la Meurthe). — Quoique, en ma qualité de membre de la minorité, j’aie à me plaindre aussi de n’avoir pas reçu de lettre de convocation, je passerai sous silence cette omission ; je répondrai seulement à notre collègue Fargues que tous les représentants du peuple ont un intérêt direct à connaître la situation de la république ; si, comme on nous l’affirme, elle est menacée d’un danger