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LAHARY. — Moi ; je m’entendrai avec les inspecteurs de la salle, qui sont des nôtres.

RÉGNIER. — Mon cher Lucien, vous vous chargez de faire connaître au général l’issue de cette conférence ?

LUCIEN BONAPARTE. — Je me rends à l’instant rue de la Victoire.

RÉGNIER. — Qui se charge de s’entendre avec les inspecteurs de la salle pour faire doubler les postes demain matin ?

CORNET. — Moi !

RÉGNIER. — Nos autres collègues et moi nous nous partagerons le soin d’aller sur l’heure avertir nos amis du motif de la convocation extraordinaire de demain.

BOULAY (de la Meurthe). — Tous devrons surtout les engager à garder le plus profond secret sur cette affaire, faute de quoi elle s’ébruiterait, et nous verrions arriver demain matin la minorité républicaine au conseil qui nous embarrasserait fort par ses questions.

RÉGNIER. — Un secret absolu va de soi, et je le recommanderai particulièrement à nos amis.

FOUCHÉ. — Et moi, je vais faire la leçon à mes canailles de mouchards, qui, demain matin, à l’aube, se répandront dans tous les quartiers de Paris.

DESMARAIS, à Lucien. — Ainsi, demain soir, le plus grand capitaine des temps modernes, votre illustre frère, ce grand homme, revêtu de la dictature que lui seul peut exercer, décidera de la forme gouvernementale qu’il lui plaira d’octroyer à la France, et…

HERWYN, surpris. — Comment, la dictature ?

CORNET. — Nous n’entendons pas laisser le général Bonaparte décider seul de la forme du nouveau gouvernement.

LUCIEN BONAPARTE, à part. — Quel maladroit que ce Desmarais ! (Haut.) Messieurs, je vous en donne ma parole d’honnête homme, mon frère n’a d’autre prétention que de mettre son génie et son épée au service du conseil des Anciens.

RÉGNIER, échangeant un regard d’intelligence avec Lucien. — Ne nous occupons pas, chers collègues, d’une question prématurée ; renversons d’abord la constitution de l’an III, prononçons la dissolution du conseil des Cinq-Cents qui la soutient. Ceci fait, nous aviserons ; mais d’abord, triomphons de l’ennemi commun ; et maintenant, messieurs, à demain !

LES CONJURÉS, se séparant. — À demain ! 


DESMARAIS, à part. — Le sort en est jeté. Ah ! quelle nuit d’angoisse je vais passer.

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