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motivera la translation des assemblées à Saint-Cloud. Il s’agit maintenant d’assurer l’exécution de ce projet.

LEMERCIER. — Il faut à cet effet convoquer extraordinairement, pour demain matin, nos collègues du conseil des Anciens, sans leur faire connaître le but de cette convocation.

DESMARAIS. — Je ferai observer à mon honorable collègue qu’il serait, à mon sens, très-prudent de ne pas convoquer la minorité républicaine qui siège parmi nous. Ces gens-là feraient les questions les plus indiscrètes, les plus saugrenues, ne se contentant point de cette affirmation : qu’un grand complot a été découvert ; ils demanderaient des preuves de ce complot, des détails sur cette découverte ; il serait très-difficile de leur répondre.

CORNET. — L’observation de Desmarais est fort juste, je suis d’avis que nous tous ici présents, nous nous chargions de voir personnellement, dans la soirée, nos collègues de la majorité, afin de les instruire du but de la séance extraordinaire de demain matin, et de n’adresser qu’à eux seuls des lettres de convocation.

LEMERCIER. — Si la minorité républicaine se plaint plus tard de n’avoir pas été convoquée, l’on rejettera cette erreur sur les inspecteurs de la salle.

FOUCHÉ. — Pardieu ! il faut bien qu’au moins une fois ils servent à quelque chose, ces fainéants d’inspecteurs.

LUCIEN BONAPARTE. — Il sera urgent de faire, par précaution, doubler les postes de troupes chargées de la garde du conseil des Anciens, car il faut tout prévoir ; mais je vous le répète et suis autorisé à vous le déclarer de la part de mon frère, il répond de tout, si vous le déclarez le commandement supérieur de la force armée.

RÉGNIER. — Le général peut mieux que personne servir nos desseins ; nous comptons sur lui, dites-lui qu’il peut compter sur nous.

FOUCHÉ. — Ah çà, Lucien, si ton frère répond de faire marcher les troupes, toi, en ta qualité de président du conseil des Cinq-Cents, que tu trahis avec un si admirable aplomb (soit dit à ta louange), réponds-tu de faire taire ces bavards qui crieront comme des geais quand on les dissoudra ?

LUCIEN BONAPARTE. — Je tiendrai tête à l’orage, sois tranquille ; l’on ne m’intimide pas facilement, grâce à cet aplomb que tu veux bien me reconnaître.

RÉGNIER. — Et maintenant, chers collègues, hâtons-nous, la journée s’avance, nous n’avons pas un moment à perdre ; convenons de nos faits. Qui se charge d’aller faire préparer les lettres de convocation ?