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Les preuves de la conspiration royaliste dont Pichegru et Willot étaient les chefs, et la majorité des conseils, complice, furent nombreuses et flagrantes ; nous citerons, entre autres, ces deux pièces dont l’authenticité n’a jamais été mise en doute :

Offres faites par Condé à Pichegru au nom du roi.

On lui offre (à Pichegru) le grade de « maréchal de France, — le gouvernement de l’Alsace ; — le cordon rouge, — le château de Chambord avec son parc, et douze pièces de canon enlevées aux Autrichiens, — un million d’argent comptant, deux cent mille livres de rente, — un hôtel à Paris.

» La terre d’Arbois, patrie du général Pichegru, portera le nom de Pichegru.

» La pension de deux cent mille livres, réversible pour moitié à sa femme, et cinquante mille livres à ses enfants, à perpétuité, jusqu’à extinction de sa race.

» M. le prince de Condé désirait que Pichegru proclamât le roi dans ses camps, qu’il lui livrât la ville de Huningue, et se réunît à lui pour marcher sur Paris. »

Réponse de Pichegru, écrite de sa main, et trouvée dans le portefeuille de d’Entraigues.

« Je ne ferai rien d’incomplet ; je ne veux pas être le troisième tome de La Fayette ou de Dumouriez. Je connais mes moyens ; ils sont aussi sûrs que vastes ; ils ont leurs racines non-seulement dans mon armée, mais à Paris, dans la Convention, dans les départements, dans les armées de ceux de mes généraux, mes collègues, qui pensent comme moi. Je ne veux rien faire de partiel, il faut en finir. La France ne peut exister en république : il faut un roi. IL FAUT LOUIS XVIII. Mais il ne faut commencer la contre-révolution que lorsqu’on sera sûr de l’opérer sûrement et promptement, telle est ma devise.

» Mais il faut que vous sachiez que, pour le soldat français, la royauté est au fond du gosier ; il faut, en criant : Vive le roi ! lui donner du vin et un écu dans la main. Il faut solder mon armée jusqu’à sa quatrième ou cinquième marche sur le territoire français.

» Allez rapporter tout cela au prince, écrit de ma main, et donnez-moi ses réponses. »


Note de d’Entraigues