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qui sont dans Paris et aux environs, sont invités à se ranger sous les drapeaux du peuple et à s’unir avec lui par les liens de la fraternité pour reconquérir les droits communs.

» IX. Le peuple restera debout jusqu’à ce que l’on ait assuré la subsistance, le bonheur, le repos et la liberté de tous les Français.

» X. Le mot de ralliement du peuple est : DU PAIN ET LA CONSTITUTION DÉMOCRATIQUE DE 1793. »

Il était impossible de préciser avec plus de modération et de dignité les justes griefs des prolétaires. L’effet de cette proclamation fut immense dans les faubourgs. Ils s’organisèrent pendant la nuit, et le lendemain, à l’aube, ils descendirent en masse et en armes, traînant leurs canons, afin de se rendre aux abords de la Convention ; ils comptaient être appuyés dans l’intérieur de l’Assemblée par quelques montagnards non compris encore dans l’acte d’accusation dont Billaud-Varenne, Thuriot, Choudieu, etc., etc., étaient victimes. Les derniers patriotes en qui l’insurrection mettait son espoir étaient notamment les représentants du peuple Romme, Soubrany, Duroi, Duquesnoy, Vernier, Bourbotte, Prieur (de la Marne) et Gaston. Avant l’ouverture de la séance de la Convention, le jardin des Tuileries, la place du Carrousel furent occupés par une foule énorme et en armes, calme, mais résolue d’obtenir du pain, l’élargissement des patriotes et la constitution démocratique de 1793, qui, seule, pouvait mettre terme à la réaction thermidorienne, implacable ennemie de la révolution et de la république.

Lorsque la Convention eut ouvert sa séance, une députation de la section Bon-Conseil est introduite à la barre ; son orateur s’exprime ainsi :

« L’ORATEUR. — Citoyens représentants du peuple, sous la tyrannie des rois, lorsque les grands dévoraient la subsistance du peuple et le réduisaient à la plus affreuse misère, c’était un crime de se plaindre ; on étouffait les murmures et les gémissements ; les courtisans ne laissaient parvenir au monarque trompé que l’agréable encens de leur basse adulation.

» Vous qui vivez au milieu du peuple, l’on ne peut vous cacher ses tourments ; vous ne pouvez ignorer ses besoins et sa misère. Loin de nous l’idée de retracer un tableau déchirant dont vous êtes chaque jour les tristes témoins, et de réjouir par le récit de nos souffrances nos féroces ennemis.

» Jamais nation, sans doute, ne donna à l’univers l’exemple d’une patience et d’une résignation égales à la nôtre. La république et la