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parce que vous avez rendu des décrets qui leur ont fait perdre la confiance publique. »

» LA FOULE. — « Oui ! oui ! »

» (Applaudissements à l’extrémité gauche.)

» L’ORATEUR DU PEUPLE. — « N’espérez pas ramener le calme et l’abondance sans punir les égoïstes. (L’orateur du peuple, se tournant, vers les représentants de la gauche :) Et toi, Montagne sainte, qui as tant combattu pour la république, les hommes du 14 juillet, du 10 août et du 31 mai réclament ton appui en ce moment de crise ; tu nous trouveras toujours prêts à te soutenir, prêts à verser notre sang pour la république. (Quelques voix : Oui ! oui !) Les citoyens au nom desquels je parle veulent la constitution de 1793 ; ils sont las de passer les nuits à la porte des boulangers : il est temps que celui qui fait venir les subsistances et qui a fait la révolution puisse subsister. Nous vous demandons la liberté de plusieurs milliers de pères de famille patriotes qui sont incarcérés depuis le 9 thermidor. (Le représentant du peuple Gaston et quelques membres qui siègent à côté de lui applaudissent.) Si vous avez changé l’ordre de choses qui existait avant cette époque, ce n’est pas sur les patriotes que doit tomber votre colère ; c’est vous seuls qui avez eu tort (QUELQUES VOIX : — Oui ! oui ! — Applaudissements de l’extrémité gauche.) La section de la Cité n’est point accoutumée à vous faire perdre un temps précieux ; aussi vous ai-je parlé énergiquement en son nom. »

» LA FOULE. — « Bravo ! » (L’extrémité gauche applaudit.)

» LE PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE. — « Aussitôt que la Convention pourra reprendre ses travaux, elle s’occupera de vos besoins. »

» DES HOMMES ET DES FEMMES s’écrient. — « Il faut qu’elle s’en occupe tout de suite, nous n’avons pas de pain ! »

» LE PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE. — « Reposez-vous sur le zèle de la Convention ; mais il est impossible qu’elle délibère, si elle n’est pas libre. »

» LA FOULE. — « Du pain ! du pain ! »

» LE PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE. — « Le projet que notre comité a l’intention de proposer tend à lever une force capable d’assurer les arrivages et de réprimer la malveillance. »

» LA FOULE. — « Ce n’est pas tout ça, il nous faut du pain ! »

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Ce cri déchirant de la foule : — Du pain ! du pain ! émut moins qu’il ne les irrita les thermidoriens de l’Assemblée ; ils avaient sacrifié