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moins, il se mit sur son séant, releva ses bas, se glissa subitement au bas de la table, et courut se placer dans un fauteuil. À peine assis, il demanda de l’eau et du linge blanc. Pendant tout le temps qu’il resta couché sur la table, lorsqu’il eut repris connaissance, il regarda fixement tous ceux qui l’environnaient, et principalement les employés du comité de salut public qu’il reconnaissait ; il levait souvent les yeux au plafond ; mais à quelques mouvements convulsifs près, on remarqua constamment en lui une grande impassibilité, même dans les instants du pansement de sa blessure, qui dut lui occasionner des douleurs très-aiguës. Son teint, habituellement bilieux, avait la lividité de la mort.

» À neuf heures du matin, Couthon et Gombeau, l’un des conspirateurs de la commune, furent apportés chacun sur un brancard, jusqu’au pied du grand escalier du comité, où ils furent déposés. Les citoyens préposés à leur garde restèrent auprès d’eux, pendant qu’un commissaire et un officier de la garde nationale vinrent rendre compte de leur mission à Billaud-Varenne, Barère et Collot-d’Herbois, alors réunis au comité. Ils prirent sur-le-champ, à eux trois, un arrêté, portant que Robespierre, Couthon et Gombeau seraient transférés de suite à la Conciergerie. Cet arrêté fut exécuté à l’instant même, par les bons citoyens à qui la garde de ces trois conspirateurs avait été confiée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

» Saint-Just et Dumas furent amenés au comité jusqu’à la salle d’audience, et conduits l’instant d’après à la Conciergerie par ceux qui les avaient amenés. Saint-Just regarda le grand tableau de la déclaration des DROITS DE L’HOMME, placé dans cette salle, et dit en le montrant : C’est pourtant moi qui ai fait décréter cela.

» Telle fut la fin de Robespierre. Son agonie fut encore plus cruelle que sa mort. Ses collègues des comités vinrent l’insulter, le frapper, lui cracher au visage ; des commis de bureau le piquèrent de leurs canifs. »

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De ce grand citoyen glorifions pieusement la mémoire, fils de Joël ; qu’elle soit aussi sacrée pour nous la mémoire des autres victimes de thermidor ; martyrs illustres comme SAINT-JUST, LEBAS, COUTHON, ROBESPIERRE jeune, ou martyrs obscurs comme cette foule de patriotes dont le généreux sang coula par torrents sur l’échafaud pendant quatre jours ! Oui, pendant quatre jours, la féroce réaction thermidorienne fit guillotiner sans jugement, ASSASSINA la plupart des derniers défenseurs de la république.