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les ont fait rétrograder ; d’autres ont hésité à continuer de marcher. Le mouvement s’est arrêté, le faubourg Marceau s’est borné à vous députer des délégués, afin de recevoir de vous une direction.

LEGENDRE. — Ils ne se sont pas encore présentés.

L’ORATEUR. — Peut-être auront-ils appris en se rendant ici, la mise hors la loi des membres de la commune par la Convention, et auront-ils été influencés par cette mesure ; tout ceci vous prouve, citoyens, qu’il faut redoubler d’énergie, sinon l’opinion publique, égarée, se tournera contre les bons patriotes au profit des scélérats…

LE MAIRE DE PARIS. — Je propose qu’il soit à l’instant nommé une députation de membres du conseil de la commune : les uns se rendront au faubourg Marceau, les autres au faubourg Antoine, les autres sur la place de l’Hôtel-de-Ville, afin d’adjurer les bons citoyens, au nom de la patrie, de ne pas déserter leur poste et de rester fidèles à la commune !

JEAN LEBRENN, à part. — Il est trop tard !

Au moment où la proposition du maire de Paris est adoptée, Jean Lebrenn, qui s’est approché de l’une des fenêtres de l’Hôtel de Ville, afin de jeter un coup d’œil sur la place, naguère encombrée d’une foule de sectionnaires armés, accourus se ranger sous les ordres de la commune, remarque avec une inquiétude croissante que non-seulement leur nombre a considérablement diminué, mais qu’en ce moment même une nouvelle désertion se manifeste ; bientôt la place de l’Hôtel-de-Ville, sauf quelques groupes clairsemés çà et là, reste silencieuse et vide. Jean Lebrenn, après cette remarque désespérante, retourne siéger au conseil ; puis au bout de quelques instants, les portes de la salle s’ouvrant avec fracas devant Robespierre aîné, Robespierre jeune, Lebas, Saint-Just et Couthon, porté sur une chaise par deux citoyens, les représentants du peuple, escortés de quelques délégués du club des Jacobins, entrent dans la salle. À leur aspect, les membres du conseil de la commune se lèvent spontanément, aux cris enthousiastes de : vive la république ! Cette émotion calmée, le maire de Paris prend la parole : — Citoyens, dès ce moment les fonctions du conseil général de la commune doivent changer de nature ; je propose de le transformer en comité d’action et d’en confier la présidence à Maximilien Robespierre.

TOUS LES MEMBRES DU CONSEIL. — Adopté !

ROBESPIERRE aîné. — Citoyens, je vous le déclare, j’ai longtemps résisté aux instances des patriotes qui sont venus me délivrer de prison ; je voulais, jusqu’à la fin, respecter la légalité, par cela même