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ainsi que Lebas, fit triompher les armes de la république ; Couthon, ce citoyen qui n’a que le cœur et la tête de vivants, mais qui les a brûlants de l’ardeur du patriotisme ! Robespierre le jeune, qui présida aux victoires de l’armée d’Italie. Et quels sont leurs ennemis ? Un Fouché, ex-moine, souillé de vices et de crimes ! un Dubarran, ex-vicomte, et des monstres de l’espèce de Collot-d’Herbois, le partisan de l’infâme Danton, convaincu de royalisme ; un Collot-d’Herbois qui, sous l’ancien régime, avait volé la caisse de sa troupe ; un Bourdon (de l’Oise), qui calomnia sans cesse la commune de Paris ; un Barère, qui appartient à toutes les factions, tour à tour, et qui a fait fixer le maximum du prix des journées des ouvriers pour les faire périr de faim. Voilà les scélérats que le conseil te dénonce.

» Peuple, lève-toi, ne perdons pas le fruit du 10 août et du 31 mai, et précipitons au tombeau tous les traîtres !

» Signé : LESCOT-FLEURIOT, maire, — BLIN, secrétaire adjoint. »

JEAN LEBRENN. — Un seul mot d’observation sur un passage de la proclamation dont j’approuve l’ensemble. Songez-y bien, citoyens, rappeler dans les circonstances présentes l’absurde accusation de royalisme portée autrefois contre Danton, c’est confirmer une calomnie et commettre, de plus, une faute politique énorme.

PÂRIS. — Tu nies le royalisme de Danton ?

JEAN LEBRENN. — Je le nie aussi énergiquement que je nierais la même calomnie portée contre toi, Pâris, ou contre Coffinhal, le meilleur patriote que je connaisse ; mais là n’est pas la question. Je déclare que si vous rappelez, que si vous confirmez la détestable accusation de royalisme jadis portée contre Danton, prenez-y garde, vous donnerez ainsi une terrible créance à ces bruits infâmes répandus aujourd’hui par la Convention sur Robespierre ; car le peuple se dira : Si un homme de la trempe de Danton, que nous avons cru pendant si longtemps le plus ardent des républicains, a été royaliste, pourquoi Robespierre ne le serait-il pas ? Je demande donc la suppression du passage relatif à Danton [1].

LE MAIRE DE PARIS. — La suppression proposée par le citoyen Jean Lebrenn est-

  1. Cette séance de la commune est rigoureusement et textuellement reproduite, d’après le procès-verbal, sauf les observations et propositions de Jean Lebrenn ; nous avons introduit ce personnage de notre fable dans le conseil général, afin de démontrer que la commune, composée d’excellents patriotes, appuyée par l’immense majorité des sections de Paris, des faubourgs et de la banlieue, par les autorités civiles et judiciaires du département, la commune a perdu la journée du 9 thermidor, et ainsi assuré le triomphe de la contre-révolution, par un déplorable manque d’initiative et d’action.