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LE MAIRE DE PARIS, après avoir consulté le conseil. — Le conseil général arrête que le citoyen Gobert, commandant la section des Marchés, fera amener sur-le-champ son artillerie sur la place de la maison commune.

FORESTIER. — L’Hôtel de Ville peut être attaqué d’un moment à l’autre, je demande que les officiers de la force armée réunie sur la place, laissés dans l’inertie et sans direction par l’arrestation d’Henriot, dont la conduite a été déplorable en cette journée, soient rassemblés, afin de se concerter immédiatement sur un plan de défense.


LA MAJORITÉ DES MEMBRES. — Appuyé ! appuyé !

COCHEFER. — Je propose de nommer sur-le-champ un général, commandant la force armée de la commune, et de confier ces fonctions au citoyen Giot, de qui l’énergie et le civisme sont bien connus. On le trouvera sans doute à la section des Piques, qui s’est déclarée en permanence.

LE PRÉSIDENT. — La proposition du citoyen Cochefer est adoptée.

JEAN LEBRENN. — Citoyens, je le répète, nous perdons un temps irréparable ; les autorités constituées du département sont avec nous ; l’immense majorité des sections en armes sont avec nous ; elles nous ont légalement investis de pleins pouvoirs pour sauver la chose publique, et nous restons dans l’inaction ! Quoi ! à cette heure, peut-être les troupes conventionnelles sont en marche contre la commune, et nous délibérons, nous répondons à des députations, au lieu d’agir vigoureusement !

GUÉRIN. — Agir contre qui ?

JEAN LEBRENN. — Contre la Convention ! Je propose donc qu’aussitôt leur arrivée ici, les cinq représentants du peuple frappés par l’Assemblée se mettent à la tête du conseil général de la commune, et que, suivis des sections armées qui sont inertes depuis plusieurs heures sur la place de l’Hôtel-de-Ville, lassées de ne recevoir aucun ordre, nous marchions sur la Convention.

LEGENDRE. — Pour la dissoudre ?

JEAN LEBRENN. — Non ; pour la sommer, au nom de la justice et du peuple en armes, d’avoir à entendre à sa barre les représentants qu’elle a décrétés d’accusation sans vouloir écouter leur défense ; alors s’expliquera le funeste malentendu entretenu depuis le matin par les terroristes et par les royalistes ; la majorité de la Convention reconnaîtra son erreur, mettra en état d’arrestation les scélérats dont elle est dupe, et qui, seuls, étaient menacés par Robespierre. Voilà ma proposition ; si elle ne vous convient pas, agissez autrement ;