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COFFINHAL, avec indignation. — Henriot a tout compromis ! Dès le début de la journée, je l’ai rencontré en me rendant à l’Hôtel de Ville ; il était ivre, et parcourait les rues à cheval, vociférant comme un énergumène !

MOREL. — Je connais Henriot depuis longtemps, c’est l’homme le plus sobre qu’il y ait au monde ; mais malheureusement il a bu, pour se monter, un petit verre d’eau-de-vie, et il n’en a pas fallu davantage pour lui faire perdre la tête.

COFFINHAL. — Eh ! qu’importe la cause du mal, il est irréparable ; nous disposons de la majorité des sections armées, cette force reste paralysée entre nos mains, faute d’un chef intelligent et résolu.

(Un huissier entre, et remet un pli au maire de Paris.)

LE MAIRE, après avoir lu. — Je reçois un décret de la Convention nationale qui ordonne la mise hors la loi du général Henriot et de son état-major, ainsi que des citoyens Boulanger, Dumetz, Dobigny, Prosper Sijas, Dufraisse et Lavallette, chargés de missions par la commune.

PAYAN. — La Convention, en violant toutes les lois de justice, est déchue de son autorité. Je demande l’arrestation du porteur du décret précédent, et que les citoyens mis hors la loi par l’Assemblée soient placés sous la sauvegarde du peuple.

LA MAJORITÉ DES MEMBRES. — Appuyé ! appuyé !

LE MAIRE DE PARIS, écrivant et remettant le papier à l’huissier. — Portez au commandant du poste de l’Hôtel de Ville cet ordre d’arrêter le messager de la Convention.

JEAN LEBRENN. — Citoyens, je réitère une proposition, dont l’importance me semble égaler l’urgence ; je demande de nouveau qu’une adresse soit rédigée sur-le-champ, afin d’éclairer le peuple de Paris et le prémunir contre les calomnies de ses ennemis. La Convention fait répandre le bruit que Robespierre était le chef d’une conspiration royaliste ; ces bruits jettent une indécision funeste parmi les sections ; j’adjure le conseil de voter immédiatement une adresse au peuple, et ensuite d’aviser à d’autres mesures énergiques et promptes, car nous perdons un temps précieux…


LA MAJORITÉ DES MEMBRES. — Appuyé ! appuyé ! 


DOBIGNY. — Je propose de charger de la rédaction de cette adresse nos collègues Pâris et Coffinhal.


LE MAIRE DE PARIS, après avoir consulté le conseil. — Les citoyens Pâris et Coffinhal sont chargés d’exposer au peuple les dangers de la patrie.