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percer le sein du dictateur, si la Convention nationale n’avait pas le courage de le décréter d’accusation ! »

ROBESPIERRE. — « Vous m’accusez, vous devez m’entendre. »

FOUCHÉ. — « À bas le tyran ! »

VOIX NOMBREUSES. — « À bas le tyran ! Mort au dictateur ! »

BARÈRE. — « Je demande la parole. »

ROBESPIERRE. — « La parole m’appartient ; je suis sous le coup d’une accusation infâme, je dois… »

FRÉRON. — « Parle, Barère, parle ! »

VOIX NOMBREUSES. — « Oui ! oui ! Barère ! »

Robespierre, frémissant d’indignation, veut prendre de nouveau la parole ; sa voix est couverte par un redoublement de clameurs forcenées. Il interpelle vivement le président de l’Assemblée, Collot-d’Herbois, afin d’obtenir d’être entendu. Collot-d’Herbois répond par un sourire de haine triomphante ; puis, agitant sa sonnette et obtenant le silence, il dit : « La Convention a décrété que Barère sera entendu. »

BARÈRE. — « L’un de mes collègues, revenant de l’armée du Nord, a rapporté au comité qu’un officier ennemi, fait prisonnier dans la dernière action qui nous a donné la Belgique, avait dit : « Tous vos succès ne sont rien ; nous n’en espérons pas moins traiter de la paix avec un parti, quel qu’il soit, avec une fraction de la Convention, et de changer bientôt de gouvernement. N’était-ce pas clairement désigner Robespierre, le futur dictateur ? »

VOIX NOMBREUSES. — « Oui ! oui ! À bas le traître ! À mort le tyran ! »

ROBESPIERRE, livide, épuisé, levant les mains au ciel. — « Dieu juste ! »

BARÈRE. — « Ce moment prédit par l’officier autrichien ne serait-il pas venu pour le parti de l’étranger et pour les ennemis de l’intérieur, si vous n’aviez pris des mesures rigoureuses ? (Bravo ! bravo ! ) Les deux comités ne peuvent plus dissimuler cette vérité : le gouvernement est attaqué, ses membres sont couverts d’improbation et d’injures, ses relations sont arrêtées ; la confiance publique est suspendue, et si l’on a fait le procès à ceux qui font du procès de la tyrannie. (Tonnerres d’applaudissements sur tous les bancs.) On veut détruire tous ceux qui ont de l’énergie ou des lumières ; on veut anéantir tout ce qui est pur et vraiment républicain ; et ces propos sont sortis, non pas du tribunal révolutionnaire, qui fait