Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 16.djvu/119

Cette page n’a pas encore été corrigée

leur parti, les gros bonnets de leur club et les jacobins de la commune, à commencer par le maire, Fleuriot-Lescot, Coffinhal et consorts.

LE JÉSUITE. — Le cas échéant d’une fournée, je désirerais extrêmement, pour des motifs particuliers, voir englober dans ladite fournée un certain Jean Lebrenn, nommé membre du conseil général de la commune depuis son retour de l’armée. Ce Jean Lebrenn est possesseur de papiers fort importants sur lesquels il serait urgent de mettre la main.

FOUCHÉ, riant, à Desmarais. — Tu entends, collègue, le révérend demande la tête de ton gendre.


DESMARAIS. — Brutus a livré ses fils, et cet homme n’est pas même mon fils.

FOUCHÉ. — Tudieu ! quel Romain tu fais. (Au jésuite.) Tu auras la tête de ton jeune homme, mon père en Dieu !

DURAND-MAILLANE. — Ainsi donc, à demain, messieurs. Rendons-nous exactement à l’Assemblée dès avant l’ouverture de la séance. Je vous réponds des voix du côté droit ; nous entraînerons une partie du centre.

TALLIEN. — Fouché et moi, nous répondons des voix des terroristes et des montagnards, et le tour sera fait.

LE JÉSUITE, à part. — Et la république perdue… Le supplice des jacobins, ses derniers défenseurs, nous la livre pieds et poings liés.

Tous se lèvent ; Desmarais les reconduit, puis rentre seul dans le salon, où il reste longtemps silencieux et sombre ; puis, se levant soudain : — Eh bien ! est-ce que c’est moi qui ai demandé qu’on le guillotine, mon gendre ?… Ce misérable n’est-il pas, à vrai dire, la cause première de mes tourments ? Et puis, après sa mort, il faudra bien que ma fille et ma femme reviennent auprès de moi !

_____

La scène suivante se passe aux Tuileries, dans la salle de la Convention, le 9 THERMIDOR AN II DE LA RÉPUBLIQUE (27 juillet 1794). Il est huit heures du matin ; les chefs des factions coalisées contre Robespierre et contre le parti jacobin sont depuis longtemps arrivés dans la salle. Tallien, en se rendant à son siège, situé à la crête de la montagne, passe devant les banquettes de la droite, et dit à Durand-Maillane et à ses amis : « — Oh ! les braves gens que les gens du côté droit. » —… Collot-d’Herbois, cet ex-comédien souillé de rapines et de crimes, occupe le fauteuil ; Fréron, non moins scélérat que