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DURAND-MAILLANE. — Vous allez remarquer une nouvelle dénonciation contre certains représentants terroristes… (Il lit.) « Si l’on proposait ici de prononcer une amnistie en faveur des députés perfides, et de mettre les crimes de tout représentant sous la sauvegarde d’un décret, la rougeur couvrirait le front de chacun de nous ; mais laisser sur la tête des représentants fidèles le devoir de dénoncer les crimes, et cependant, d’un autre côté, les livrer à la rage d’une ligue insolente s’ils osent le remplir, n’est-ce pas un désordre encore plus révoltant ? C’est plus que protéger le crime, c’est lui immoler la vertu !

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» En voyant la multitude des vices que le torrent de la révolution a roulés pêle-mêle avec les vertus civiques, j’ai tremblé quelquefois d’être souillé aux yeux de la postérité par le voisinage impur de ces hommes pervers qui se mêlaient dans les rangs des défenseurs sincères de l’humanité ; mais la défaite des factions rivales a comme émancipé tous les vices : ils ont cru qu’il ne s’agissait plus pour eux que de partager la patrie comme un butin, au lieu de la rendre libre et prospère, et je les remercie de ce que la fureur dont ils sont animés contre tout ce qui s’oppose à leurs projets a tracé la ligne de démarcation entre eux et tous les gens de bien. »

LE JÉSUITE. — Est-ce clair ?

FOUCHÉ. — Fort clair. Sanson se chargera de tracer cette benoîte et rouge ligne de démarcation…

DURAND-MAILLANE. — Ici vient un appel au peuple fort caractéristique et fort inquiétant, lorsque l’on songe que la commune de Paris est dévouée à Robespierre et aux Jacobins. (Il lit.) « Peuple, souviens-toi qu’il existe dans ton sein une ligue de fripons et de scélérats qui lutte contre la vertu publique, qui a plus d’influence que toi-même sur tes propres affaires, qui te redoute et te flatte en masse, mais te proscrit en détail dans la personne de tous les bons citoyens !

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» Rappelle-toi que, loin de sacrifier cette poignée de fripons et de scélérats à ton bonheur, tes ennemis veulent TE SACRIFIER à cette poignée de fripons et de scélérats, auteurs de tous nos maux et seuls obstacles à la prospérité publique. ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

TALLIEN. — Et l’obstacle supprimé… (il fait de la main un geste significatif), la prospérité publique va de soi.