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par des motifs vertueux ; on nous confondra avec les indignes mandataires du peuple qui ont déshonoré la représentation nationale, et nous partagerons leurs forfaits en les laissant impunis. »

LE JÉSUITE. — Il est impossible de désigner plus clairement les proconsuls.

FOUCHÉ. — parbleu ! ceci, est à l’adresse de Carrier, comme à la mienne, comme à celle de Tallien.

DURAND-MAILLANE, continuant de lire : — « Quelle justice avons-nous faite envers les oppresseurs du peuple ? Quels sont les patriotes opprimés par les plus odieux abus de l’autorité nationale qui ont été vengés ? Que dis-je ? quels sont ceux qui ont pu faire entendre simplement la voix de l’innocence opprimée ? Les coupables n’ont-ils pas établi ce fameux principe, que dénoncer un représentant infidèle, c’est conspirer contre la représentation nationale ? »

TALLIEN. — Ce sont les paroles textuelles de Carrier au club des Cordeliers.

DURAND-MAILLANE, lisant. — « Ainsi, l’oppresseur répond aux opprimés par l’incarcération et par de nouveaux outrages ! Cependant les départements, où les crimes ont été commis les ignorent-ils, parce que nous les oublions ! »

FOUCHÉ, riant. — Attrape, Tallien… En as-tu assez commis de… gentillesses assassines dans le département de la Gironde, lors de ton proconsulat à Bordeaux ?

TALLIEN. — Et toi donc, bourreau ! Crois-tu que Lyon n’a pas conservé le souvenir de tes… vertus champêtres ?

DURAND-MAILLANE, lisant. — « Les plaintes que nous repoussons ne retentissent-elles pas avec plus de force dans les cœurs comprimés des citoyens malheureux ? Il est si facile et si doux d’être juste ! Pourquoi nous dévouer à l’opprobre des coupables en les tolérant parmi nous !! Mais quoi ! les abus tolérés n’iront-ils pas en croissant ? Les coupables impunis ne voleront-ils pas de crimes en crimes ? Voulons-nous partager tant d’infamie et nous vouer au sort affreux des oppresseurs du peuple ! Quels titres ont-ils pour s’opposer même aux plus vils tyrans ? Une faction pardonnerait à une autre faction ; bientôt les scélérats vengeraient le monde en s’entr’égorgeant eux-mêmes, et s’ils échappaient à la justice des hommes ou à leur propre fureur, échapperaient-ils à la justice éternelle, qu’ils ont outragée par le plus horrible de tous les forfaits ? »

FOUCHÉ, haussant les épaules. — Quelle capucinade !