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la porte :) — Tu le vois, collègue, nous profitions de ton absence pour médire de toi.

DESMARAIS, s’asseyant. — S’il est question du courage qu’il faut avoir pour abattre le dictateur, ce courage, je l’aurai, de même que j’ai eu celui de le démasquer lors de la présentation de la loi de prairial.

FOUCHÉ, bas au jésuite. — Le cri de la peur… le drôle appelle cela du courage !

DURAND-MAILLANE. — Messieurs !

FOUCHÉ, riant. — À la guillotine, le royaliste ! Il dit messieurs au lieu de citoyens.

DURAND-MAILLANE. — D’honneur, nous pouvons du moins ici, entre nous, déposer le vocabulaire et le masque révolutionnaires.

TALLIEN. — Parbleu ! ne sommes-nous pas ici pour jouer cartes sur table ? Donc, la séance est ouverte. À tout seigneur, tout honneur : Desmarais nous présidera.

DURAND-MAILLANE. — Je demande la parole, afin de bien préciser la question et d’établir comment et à quelles conditions, en ma qualité de fondé de pouvoirs du côté droit de l’Assemblée, j’apporte ici l’assurance du concours de mes amis politiques.

DESMARAIS. — Vous avez la parole.

DURAND-MAILLANE. — Messieurs, personne de vous n’ignore qu’en présentant à la Convention, il y a six semaines, la loi du 22 prairial, Robespierre espérait obtenir, pour le comité de salut public et sous la responsabilité de trois de ses membres, le droit de décréter d’accusation les représentants du peuple sans consulter l’Assemblée ; d’où il suit que, moyennant les signatures de Saint-Just et de Couthon, qui lui sont acquises, Robespierre, à un moment donné, pouvait envoyer devant le tribunal révolutionnaire, c’est-à-dire à l’échafaud, les conventionnels dont il voulait se défaire.

FOUCHÉ. — À commencer par moi…

TALLIEN. — Ou par moi, le brigand !

DURAND-MAILLANE. — Évidemment Robespierre, dans sa pensée, menaçait avant tout les terroristes, et entre autres les ex-proconsuls de Nantes, de Lyon, de Bordeaux, qui, par… leurs… (hésitant) par leurs…

FOUCHÉ, riant aux éclats… — Par leurs crimes !… Allez donc rondement, mon cher : nous ne sommes pas ici entre rosières ; demandez à Tallien ?

DURAND-MAILLANE. — La loi de prairial menaçait donc particulièrement