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avait opéré la veille une perquisition chez l’avocat Desmarais paraissait sur le palier de l’escalier, suivi de ses agents et de plusieurs gendarmes. Ce magistrat, ami de Marat, connaissait et estimait le civisme de Jean Lebrenn, et lui dit cordialement :

— Je regrette, citoyen Lebrenn, qu’on vous ait éveillé, vous êtes de ceux-là chez qui l’on n’a jamais besoin de faire des recherches.

— Il n’importe, citoyen, entrez, entrez, accomplissez votre devoir ; je vous demande seulement de ne pas visiter la chambre de ma sœur, elle s’est couchée très-souffrante, et…


— Allons, citoyen Lebrenn, vous plaisantez ; je n’entrerai ni dans la chambre de votre sœur ni dans la vôtre, dont la porte est, d’ailleurs, grande ouverte à mes regards. Mon premier devoir est de ne jamais suspecter des patriotes tels que vous, citoyen Lebrenn ; ce matin, Marat me parlait encore avec enthousiasme de votre discours d’hier soir aux Jacobins.

— J’ai dit ce que je pensais en mon âme et conscience, voilà tout, répond Jean Lebrenn, puis il ajoute : — Mais à la recherche de qui donc êtes-vous ce soir ?

— Nous cherchons le ci-devant comte de Plouernel, ancien colonel aux gardes ; il était caché dans une maison voisine de celle-ci, chez la femme d’un ex-piqueur de la vénerie de Louis Capet ; mais, averti sans doute de notre approche, le ci-devant a pris la fuite : j’avais d’abord pensé qu’il s’était peut-être évadé par les toits ; mais après inspection des lieux, j’ai renoncé à ce soupçon : un couvreur, seul, et des plus intrépides, aurait pu, non sans risquer sa vie, s’aventurer sur la pente presque impraticable de la toiture ; je vais cependant, par acquit de conscience, visiter le grenier de cette maison ; et, sur ce, bonsoir, citoyen Lebrenn, — ajoute le magistrat en tendant cordialement la main au jeune artisan. Celui-ci rentre chez lui et ferme la porte de sa chambre, après avoir vu le commissaire se diriger vers le grenier de la maison.

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