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— Ce malheureux respire encore, — dit tout bas l’artisan à sa sœur, lui désignant du regard M. de Plouernel ; — il est mourant, le livrer serait infâme.

— Quoi ! frère, tu veux le…

— Livre-le donc, toi, si tu l’oses, Victoria ?

— Citoyen Jean, réveillez-vous ! — crie de nouveau le portier, heurtant la porte à coups redoublés. — Hé ! l’ami Jean ! hé ! hé !

— Qui frappe à la porte ? qui va là ? — répond l’artisan, faisant à sa sœur un signe d’intelligence et lui disant tout bas :

— Je feindrai de me réveiller, aide-moi à transporter cet homme dans ta chambre, on ne la visitera pas, j’affirmerai que tu es malade.

— C’est moi, Jacques le portier ; vous dormiez d’un fier somme, citoyen Jean, voilà la troisième fois que je frappe et que je vous appelle, — avait répondu le concierge, tandis que Victoria, malgré sa haine implacable contre le comte, reculait devant la pensée d’envoyer à l’échafaud un ennemi mourant, et aidait son frère à transporter M. de Plouernel dans la chambre voisine, où elle resta, et dont elle ferma la porte. Jean alors répondit en levant la couverture de son lit et le froissant, afin de donner à croire qu’il s’y était couché :

— Ah ! c’est vous, père Jacques, je dormais si bien que je ne vous avais pas entendu. Qu’est-ce qu’il y a ? que voulez-vous ?

— Le commissaire de la section et ses agents sont à la recherche d’un émigré ; ils ont déjà visité trois étages de la maison, quoiqu’elle soit habitée par de bons patriotes ; le commissaire va sans doute aussi visiter vos chambres, pour la forme, s’entend : on sait que vous ne cacheriez pas d’émigrés chez vous.

— Je le crois pardieu bien ! père Jacques ; attendez un instant, je me lève, et bientôt je suis à vous.

Jean Lebrenn avait, tout en répondant au portier, ôté sa cravate, sa veste, son habit d’officier municipal ; il ne garda que son pantalon, et, feignant de s’être à demi vêtu à la hâte au sortir de son lit, il ouvrit sa porte au moment où le commissaire de la section qui