Une grave et sévère allocution du président, adressée aux tribunes, les rappelle au silence : il se rétablit ; l’interrogatoire de l’accusé reprend son cours.
LE PRÉSIDENT. — Louis, je renouvelle ma question : qu’avez-vous à répondre au sujet des compagnies enrôlées en votre nom par les nommés Gilles et Daigremont, dont les quittances vous seront représentées ?
LOUIS XVI. — Je n’ai aucune connaissance de cela ; jamais idée de contre-révolution n’est entrée dans ma tête. (Nouvelles rumeurs.)
LE PRÉSIDENT. — Louis, vous avez voulu, à l’aide de sommes considérables, suborner plusieurs membres des Assemblées constituante et législative ; des lettres de Saint-Léon et d’autres attestent la réalité de ces faits. Louis, qu’avez-vous à répondre ?
LOUIS XVI. — Je n’ai promis ni donné d’argent à personne.
À ce nouveau et impudent mensonge de l’accusé, le nom de Mirabeau vient sur toutes les lèvres.
LE PRÉSIDENT. — Louis, vous avez passé, le 10 août 1792, la revue des Suisses à cinq heures du matin, et les Suisses ont tiré les premiers sur les citoyens qui fraternisaient avec eux. Louis, qu’avez-vous à répondre ?
LOUIS XVI. — Ce n’est pas moi qui ai donné l’ordre de tirer.
LE PRÉSIDENT. — Louis, vous avez autorisé Septeuil à faire un commerce considérable de grains, de sucre et de café à Hambourg ; ce fait est prouvé par une lettre de Septeuil. Qu’avez-vous à répondre ?
LOUIS XVI. — Je n’ai aucune connaissance de cela.
LE PRÉSIDENT à l’Assemblée. — Les questions sont épuisées. — (À Louis XVI.) Louis, avez-vous quelque chose à ajouter ?
LOUIS XVI. — Je demande communication des accusations que je viens d’entendre et des pièces qui y sont jointes ; je demande, en outre, la faculté de choisir un conseil pour me défendre.
Vous venez d’assister, fils de Joël, à l’interrogatoire de Louis Capet : ses réponses hypocrites, évasives ou tissues d’impostures ; ses