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— Très-souvent. Notre batterie, depuis l’affaire de Kaiserslautern, a été attachée à leur division.

— Quel âge a Olivier ?

— Dix-huit ans au plus.

— C’est bien l’âge de notre apprenti, — pensait Castillon. — Et il ajoute : — Quelle figure a-t-il ?

— Beau comme un chérubin ! cheveux noirs, yeux bleus… Ce serait le plus joli hussard du régiment si, sous ce rapport-là, son camarade ne lui damait pas le pion.

— Victor est donc aussi joli garçon ?

— Il a le défaut d’être trop beau pour un homme et de n’avoir pas de barbe, quoiqu’il paraisse âgé d’environ vingt-cinq ans ; mais, quoique imberbe, il n’a sacredié pas l’air d’une femmelette… quelle crâne mine !… quel œil de feu !… J’ai vu ce garçon-là charger ; je te réponds qu’il manie fièrement son sabre.

— Plus de doute !… c’est la citoyenne Victoria !… elle se sera enrôlée avec Olivier dans les hussards ! — pensait Castillon au moment où le sergent rentrait avec son escouade, moins un soldat qui avait relevé Jean Lebrenn de son poste, son heure de faction étant terminée. Un homme et un enfant de dix à onze ans, vêtus en paysans alsaciens, marchaient au milieu des volontaires de retour dans l’auberge. Cet homme était le jésuite Morlet ; son fillot, le petit Rodin, l’accompagnait.

Jean Lebrenn rencontrait le révérend pour la première fois, et il ne pouvait reconnaître le petit Rodin, l’ayant à peine entrevu le soir de la prise de la Bastille, alors qu’espérant profiter du tumulte causé par la chute de Lehiron, gravement blessé par Frantz de Gerolstein, le fillot du jésuite avait tenté de s’emparer de la légende de la famille Lebrenn. Le petit Rodin et son doux parrain semblaient parfaitement calmes et rassurés en entrant dans la salle de l’auberge. Ils ne tressaillirent même pas lorsqu’ils entendirent Jean Lebrenn, les désignant du geste, dire au capitaine Martin : — Je crois que nous avons