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Schneider et de faire attacher en public ce scélérat aux poteaux de l’échafaud… Après quoi ils ont envoyé ce misérable à Paris, sous bonne escorte, pour y répondre de sa conduite.

— Voilà le sort que mériteraient tous les hébertistes, — ajoute un volontaire ; — leurs excès finiraient par déshonorer la révolution et par perdre la république.

— Ainsi, — reprend le capitaine Martin, — Saint-Just et Lebas ont trouvé dans la vigueur de leurs décrets une force suffisante pour réduire les aristocrates de Strasbourg ?

— Oui, capitaine ; mais il faut lire ces décrets pour s’expliquer leur action. J’en ai conservé là dans mon sac quelques-uns placardés le mois passé, écoutez-en la lecture, et vous comprendrez leur influence. — Le volontaire fouille dans son sac, y prend quelques imprimés et poursuit ainsi : — Saint-Just et Lebas avaient frappé un impôt forcé sur les riches de Strasbourg. L’un des plus gros banquiers de la ville regimbait à acquitter cette dette patriotique ; aussitôt le suivant décret est rendu :

« Les représentants du peuple arrêtent :

» Le particulier le plus riche de la ville, imposé dans l’emprunt des neuf millions, et qui n’a pas encore satisfait à son imposition, sera exposé demain, depuis dix heures du matin jusqu’à une heure, sur l’échafaud.

» SAINT-JUST, LEBAS.

 » Strasbourg, 23 brumaire an II. »

— Ai-je besoin d’ajouter, — reprend le volontaire après cette lecture, — que la peine du pilori décidait aussitôt les plus récalcitrants à s’exécuter. Un autre jour, Saint-Just et Lebas sont avertis que les soldats de l’armée du Rhin manquent de souliers. Aussitôt l’arrêté suivant est affiché dans la ville :

« Les représentants du peuple à la municipalité de Strasbourg :

» Dix mille hommes sont nu-pieds dans l’armée ! il faut que vous déchaussiez tous les aristocrates de Strasbourg, et que demain, à