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et PICHEGRU, commandant les corps d’opération dits « du Rhin et de la Moselle », après plusieurs avantages remportés sur le maréchal WUMSER, sur le DUC DE BRUNSWICK et sur le PRINCE DE CONDÉ, qu’ils refoulaient hors de l’Alsace envahie, avaient porté leur quartier général à Ingelsheim. Nos troupes bivaquaient autour de ce bourg. La ligne de leurs feux se distinguait à travers la brumeuse obscurité d’une froide nuit d’hiver ; une ligne de sentinelles et de vedettes couvrait le poste avancé établi dans l’auberge et composé d’une compagnie du septième bataillon des VOLONTAIRES PARISIENS, parmi lesquels se trouvaient Jean Lebrenn et son contre-maître Castillon.

Avant d’entamer ce récit, disons, fils de Joël, quelques mots des bataillons de volontaires. Ces soldats citoyens, souvent à peine façonnés au maniement des armes et à la manœuvre lors de leur entrée au corps, n’étaient et ne pouvaient être rompus à la sévère discipline des troupes de ligne. Les officiers des volontaires, depuis le sous-lieutenant jusqu’au lieutenant-colonel commandant en chef le bataillon [1], tenaient leurs grades de l’élection. Nos soldats citoyens, malgré les inconvénients ressortant de la nature même de leur organisation et de leur personnalité civile, ont eu et ont encore une large et glorieuse part dans les succès de nos guerres révolutionnaires, ils rivalisent de dévouement et d’héroïsme avec les troupes de ligne. Ces résultats si décisifs pour le salut de la France ont plusieurs causes : d’abord l’ardent patriotisme et l’amour de la république dont était enflammé le cœur des volontaires. Oh ! fils de Joël, nos descendants ne liront pas sans un pieux attendrissement mêlé de fierté le récit de milliers de faits relatifs aux levées en masse

  1. Chaque bataillon de volontaires était composé de neuf compagnies, dont une de grenadiers. Il offrait un effectif de cinq cent soixante-quatorze hommes ; chaque compagnie divisée en deux pelotons. Son état-major se composait d’un lieutenant-colonel commandant le bataillon, d’un lieutenant-colonel en second et d’un capitaine quartier-maître. Chaque compagnie avait un capitaine, un lieutenant, un sous-lieutenant ; tous les grades étaient électifs depuis celui de commandant en chef jusqu’à celui de caporal.