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deux places fortes de la contre-révolution. À Lyon, un royaliste bien connu, le COMTE DE PRÉCY, demandait du secours aux généraux de l’armée piémontaise ; et à Caen, le BARON FÉLIX DE WIMPFEN négociait dans le même but avec l’Angleterre. Le département de la Lozère, soulevé par les prêtres réfractaires, devenait une seconde Vendée. Le girondin CHARRIER, à la tête de bandes nombreuses, s’empare de Mende. Les prêtres font abattre partout les arbres de liberté, déchirer le drapeau tricolore, arborer le drapeau blanc. Les administrateurs du district sont égorgés, les patriotes en fuite ou jetés dans les cachots, et le girondin Charrier proclame l’ordre du jour suivant, lu à la Convention (13 juin 1703) :

« Il est ordonné à MM. les maires et officiers municipaux de Saint-Amand, au nom de MONSIEUR, comte de Provence et régent de France, de faire mettre sous les armes tous les habitants, de faire sonner le tocsin, et de se rendre avec leurs troupes à Randon, à neuf heures du soir, afin de recevoir les ordres du général en chef de l’armée catholique et royale, et faire rentrer dans le devoir les scélérats qui méconnaissent l’autorité légitime.

» Rendons lesdits maires et officiers municipaux responsables de l’inexécution de ces ordres. »

Dites, fils de Joël, dites ! pourra-t-on jamais flétrir avec assez d’horreur le crime de ceux des girondins qui ont pris part à ces trames parricides ?… Ah ! par cela même que l’impartialité les absout des trahisons dont on les accusait avant le 31 mai, l’impartialité ne doit-elle pas les déclarer doublement traîtres à la patrie depuis le 4 juin (1793) ? Quoi ! la France, envahie, menacée de toutes parts à l’intérieur et à l’extérieur, ne peut, en cette heure terrible, suprême, demander son salut qu’à des efforts surhumains, qu’à l’invincible union de tous les patriotes, qu’à la concentration de toutes les forces vives de la nation… et c’est en ce moment, qu’entraînés par leurs rancunes, par la rage de leur orgueil blessé, par les fureurs aveugles de leur implacable personnalité, les girondins