Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/287

Cette page n’a pas encore été corrigée

soutenu depuis le commencement de la révolution. Il ne transigera ni avec le despotisme ni avec le modérantisme.

» S’il était vrai que les intrigues de l’aristocratie eussent prévalu pour toujours à Lyon, à Bordeaux, à Marseille ; s’il était vrai que de nos grandes cités naguère si républicaines, Paris seul appelât aujourd’hui la haine et les vengeances des rois, eh bien, Paris est résolu de mériter de plus en plus la colère des tyrans et à s’ensevelir sous ses ruines, plutôt que de renoncer à la conquête de la liberté. Il défendra jusqu’à la mort cet héritage commun de la France, au partage duquel elle a appelé tous les peuples…

» Et s’il succombait ; si, comme l’en a menacé le président Isnard, on devait chercher un jour sur quelle rive de la Seine Paris a existé, alors, comme a si bien répondu la pétition de Paris, ces ruines, cette place où il a existé, seraient consacrées à jamais par la religion des peuples… et le voyageur attendri viendrait y pleurer le néant des espérances de l’homme de bien et l’impuissance des efforts d’un grand peuple pour rendre le genre humain heureux et libre.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

» Mais non, citoyens, depuis le 31 mai, les passions se taisent, la Convention marche, les bons décrets se succèdent avec rapidité, et la France aura une constitution avant la fin du mois. Venez, frères et amis des départements, venez nous juger vous-mêmes. La Convention a décrété le rassemblement de la grande famille et une fête générale, le 10 août, au champ de la fédération. Jamais la France n’eut plus grand besoin de se rattacher ainsi à elle-même. Venez dans nos murs : nos maisons, nos bras vous sont ouverts. Vous verrez que les hommes du 31 mai sont les mêmes hommes du 14 juillet et du 10 août, et vous les trouverez encore dignes de vous, dignes d’être les gardiens de la Convention. Nos embrassements se confondront, nos piques s’entrelaceront autour de l’autel de la Patrie… Et la coalition des rois tremblera encore de notre