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à la suspension de mes pouvoirs, mais ma vie est à la république. Les sacrifices, quels qu’ils soient, ne me coûteront jamais pour sauver la patrie. »

LANJUINAIS, fidèle à l’indomptable opiniâtreté de son caractère, a argué de la pression morale que subissait la Convention, et s’est écrié : — « On parle du sacrifice de mes pouvoirs… quel abus de mots !… les sacrifices doivent être libres, et nous ne le sommes pas. Je déclare que, ne pouvant émettre aucune opinion en ce moment, je me tais. »

BARBAROUX, l’un des girondins les plus influents, ne se croyant pas le droit de déposer son mandat, répond ainsi au projet de décret de suspension : — « Si mon sang était nécessaire à l’affermissement de la liberté, je demanderais qu’il fût versé. Si la Convention croit la suspension de mes pouvoirs nécessaire, j’obéis à son décret ; mais comment, de moi-même, déposer des pouvoirs dont j’ai été investi par le peuple ?… N’attendez donc pas de moi aucune démission. J’ai juré de mourir à mon poste, je tiendrai mon serment. . . . . . . . . . . . . . . »

Quelques membres de la majorité, signalant l’attitude de la population de Paris comme un attentat à la liberté des discussions de l’Assemblée, les jacobins, afin de donner sur-le-champ un démenti éclatant à cette calomnie, ont proposé que tous les membres de la Convention sortissent de la salle, afin de juger de l’esprit de la foule immense dont les abords des Tuileries étaient encombrés. Cette motion a été adoptée. C’est aux cris enthousiastes de : Vive la nation ! Vive la république ! Vive la Convention ! que les représentants du peuple ont été accueillis par la foule. Leur retour dans le lieu de leurs séances, Couthon, montant à la tribune :

« Citoyens, tous les membres de la Convention doivent être maintenant rassurés sur leur liberté. Vous avez marché vers le peuple… partout vous l’avez trouvé bon, généreux, incapable d’attenter à la sûreté de ses mandataires, mais indigné contre les conspirateurs.