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— Mais en vain elle frappe à cette porte et s’efforce de l’ébranler. Gertrude, madame Lebrenn et sa mère arrivent en hâte aux cris de Victoria. L’imminence du danger redouble sa présence d’esprit habituelle, et ne pouvant parvenir à enfoncer la porte, elle rentre dans sa chambre, s’aventure avec intrépidité sur l’étroit chéneau qui a servi de passage à Olivier, arrive ainsi en face de la fenêtre de la mansarde qu’il occupe, brise l’un des carreaux, fait jouer l’espagnolette, s’élance dans la chambre, ouvre la porte fermée en dedans, et bientôt, aidée de madame Desmarais, de Charlotte et de Gertrude, elle s’empresse de donner les premiers soins à l’apprenti étendu sur sa couche. Ce malheureux ne donnait plus signe de vie… Cependant l’air vif et pur, pénétrant par l’ouverture de la porte et de la fenêtre, dissipe les gaz mortels du charbon. La poitrine d’Olivier se soulève, il fait entendre une faible inspiration ; Victoria et madame Desmarais transportent le moribond près de la fenêtre. Il est placé, soutenu sur une chaise. Bientôt ses traits livides, couverts d’une sueur glacée, se colorent légèrement.

C’est alors que Charlotte, croyant encore Olivier à l’agonie, s’empresse d’aller à l’atelier chercher Jean Lebrenn et de l’instruire de ce funeste événement qui confirmait si douloureusement les prévisions dont elle avait fait confidence à son mari.

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Environ deux heures se sont écoulées depuis qu’Olivier a été arraché à une mort certaine par Victoria : il est complètement revenu à lui. L’on s’imaginerait difficilement des traits d’une plus rare perfection que ceux de cet adolescent, une physionomie à la fois plus candide et plus charmante. Conduit dans le salon de Jean Lebrenn, l’apprenti se trouve seul avec Victoria : elle est pensive ; ses yeux rougis par les larmes, la coloration fébrile qui remplace la pâleur habituelle de ses beaux traits profondément altérés ; tout révèle les pénibles émotions de la jeune femme. Elle s’adresse ainsi à l’adolescent