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entendre à la Convention la grande voix de l’opinion publique, non de Paris seulement, mais de la France entière, et, j’en jure Dieu ! cette voix sera écoutée.

— L’ami Jean, explique-nous la chose plus clairement ; mets-nous les points sur les i !

— Voici, camarades, ce qui s’est passé avant-hier, 29 mai : La section de la Cité, par l’organe de son président DOBSEN, a fait appel aux quarante-sept autres sections de Paris, les conviant à déléguer chacune deux commissaires au club électoral séant à l’Évêché. Ces commissaires, revêtus des pleins pouvoirs des sections sur les moyens de sauver la chose publique, devaient se concerter pour agir. L’appel de la Cité a été entendu, et aujourd’hui, 30 mai, ces quatre-vingt-seize délégués des sections ont nommé une commission supérieure de neuf membres. Cette commission a résolu ce qui suit : Demain, afin de constater la légalité du mandat dont les sections l’ont investie, cette commission, se rendant à l’Hôtel de Ville, exhibera ses pouvoirs et cassera (mais seulement pour la forme) le conseil municipal, dont l’autorité n’existe que par une délégation des sections. Cet acte accompli, le conseil municipal sera réintégré dans ses fonctions, parce qu’il est composé de bons patriotes. Le directoire du département, d’accord avec les sections, engagera de son côté les autorités constituées de la commune à se trouver demain matin à l’Hôtel de Ville et à s’adjoindre au conseil municipal afin d’aviser, le cas échéant, aux mesures de sûreté générale. Ainsi, demain, au point du jour, toutes les sections se réuniront avec leurs canons ; en un mot, tout Paris sera debout, armé, non pour combattre, mais pour se manifester calme et digne dans l’imposant appareil de sa force et de sa souveraineté…

— Je comprends la chose ami Jean ; les ci-devant nobles portaient toujours, même en pleine paix, la brette au côté : ça faisait pour ainsi dire partie de leur costume. Eh bien, nom d’une pipe ! dans les grandes occasions, et sans vouloir se battre, le peuple s’endimanche !