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des jacobins pourrait seul la sauver… mais ils sont en minorité à la Convention.

— Sacrebleu ! l’ami Jean, si l’on ne te connaissait pas pour bon patriote, on croirait que tu prends un méchant plaisir à nous désespérer !

— Comment cela, mon vieux Castillon ?

— Pardieu ! tu nous dis, et nous te croyons parce que c’est dans l’idée de tous les citoyens… tu nous dis : « Les montagnards seuls ont assez de poil aux yeux pour sauver la révolution… Bon !… Mais ils ne peuvent pas la sauver, parce que les girondins qui, eux, n’ont point du tout de poil aux yeux, sont en majorité… » Alors, moi, je te réponds : « Flanquons les girondins à la porte de la Convention… c’est pas plus malin que ça… » Mais à ceci, toi, tu ripostes (et il y a du bon dans ta riposte) : « Les girondins sont élus par leurs concitoyens aux mêmes titres que les montagnards, il n’y a contre eux aucune preuve évidente de trahison ; la nature leur a refusé du poil aux yeux… c’est vrai… voilà leur crime, mais porter la main sur eux, représentants du peuple, serait attenter à la souveraineté nationale et déchaîner les provinces contre Paris ! » Je le conçois, car nous nous insurgerions crânement si les provinces entreprenaient de flanquer à la porte nos députés de Paris, tous bons montagnards, je m’en vante ! Mais alors, que faut-il donc faire, sacrebleu ! faut-il donc rester l’arme au bras et voir périr la république ?

— Il faut, mon vieux Castillon, rester l’arme au bras et sauver la république en obtenant sans violence, sans illégalité, sans attentat à la souveraineté du peuple dans la personne d’un seul de ses représentants, en obtenant, dis-je, que les girondins abandonnent le pouvoir aux jacobins. Ce n’est pas plus malin que ça.

— Ah ! bigre non… En ce cas-là, ce n’est pas malin… Mais comment diable en arriver à ces fins ?

— En usant de notre droit de réunion et de pétition, en faisant