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— Appuyé la motion de Castillon !…

— Oui, oui, oui, appuyé !

— Ce serait au mieux, mes camarades, si les girondins consentaient à entreprendre ce petit voyage d’agrément, mais du diable s’ils y consentiraient !

— Eh ! nom d’une pipe ! s’ils n’y consentent pas, l’ami Jean, on marche en force sur la Convention, on fait le triage des bons et des mauvais, on la purge des mauvais, et alors… et alors…

— Et alors, mon vieux Castillon, la SOUVERAINETÉ DU PEUPLE UNE ET INDIVISIBLE est violée dans la personne de ses représentants girondins ; car ceux-ci, aussi bien que les montagnards, sont sacrés par l’élection populaire… leur inviolabilité les couvre, tant qu’il n’existe contre eux aucune preuve de trahison flagrante, et en ce moment il n’y a aucune accusation de ce genre possible contre les girondins. Ah ! frères ! songez-y ! songez-y ! envahir violemment la Convention, l’arche sainte !! ébranler, ruiner ainsi peut-être… le seul pouvoir existant à cette heure où la république ne peut être sauvée que par l’action concentrée de ce pouvoir ! Ne serait-ce pas en outre justifier ainsi les calomnies des royalistes sans cesse répétant que Paris prétend imposer sa loi aux provinces, selon le caprice de sa turbulence anarchique ? Ne serait-ce pas jeter entre les départements et la capitale un germe d’hostilité déplorable que de porter ainsi la main sur leurs représentants ? Grand nombre de ces départements affectionnés à la république se soulèveraient pour la défense de leurs députés ! Une guerre civile fédéraliste aggraverait encore les dangers de la nation, qui jamais plus qu’en ce moment redoutable n’a eu besoin d’union, de dévouement, de sacrifices, pour résister à nos ennemis du dehors et du dedans ? N’avons-nous pas à combattre les armées coalisées, qui comptent maintenant près d’un million de soldats ? La Vendée est en feu ; Lyon, Toulon, en pleine insurrection, demandent le secours des Sardes et des Anglais… Enfin, sans des mesures énergiques et promptes, la république est perdue ! Le génie révolutionnaire