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Quant aux déplorables événements de septembre, tu connais ma façon de penser. Jamais je ne transigerai avec la vérité ; pour moi, la justice sera toujours la justice, l’iniquité, l’iniquité ; mais revenons au présent. Nous sommes à la veille d’une crise très-grave ; demain le peuple entier sera en armes sur la place publique, non pour combattre… Dieu merci ! mais pour se manifester au nom de ses droits, dans la plénitude de sa force et de sa puissance souveraine.

— Bon ! j’y suis, mon vieux : il s’agit d’une manifestation, comme au 20 juin 92, alors que nous sommes allés dire à feu CAPET, entre les deux yeux : — « Ah ça, mon homme ! tu es le commis héréditaire de la nation ! elle te donne pour ta peine quarante millions de gages… excusez du peu ! et tu trahis la nation au lieu de la servir ! Attention au commandement, mon homme ! si tu ne marches pas droit, nous te casserons aux gages… si l’on ne te fait pas pire ! » Capet n’a pas marché droit, au contraire… alors on l’a cassé sur gages et on lui a fait pire… comme de juste.

— Oui, la manifestation de demain doit être pacifique comme celle du 20 juin de l’an passé.

— Et à propos de quoi la fera-t-on ?

— Je t’en instruirai tout à l’heure, ainsi que nos camarades ; descendons à l’atelier, il est neuf heures, et tout en travaillant nous causerons. Je vais emporter quelques papiers qui me sont nécessaires pour vous mettre au fait de ce qui doit se passer, — ajoute Jean Lebrenn, prenant plusieurs feuillets manuscrits dans un carton placé sur un bureau. — Retourne auprès de nos camarades… je vais vous rejoindre…

— C’est dit, mon vieux… nous t’attendons, petits et grands, ouvriers et apprentis ! À propos d’apprentis ! comment va donc Olivier ? Nous ne l’avons pas vu d’aujourd’hui… Pauvre garçon ! sais-tu qu’il a l’air de filer un mauvais coton ! Il est si faible, qu’il peut à peine se traîner… Cependant ce n’est pas le cœur qui lui manque ! il rôde autour de l’atelier comme une âme en peine, tant il est chagrin de