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vous plaît, mon humble révérence à votre honorable compagnie.

LE COMTE DE PLOUERNEL. — Un instant, mon révérend, vous ne nous quitterez pas ainsi ! nous ne sommes point, morbleu ! des marionnettes destinées à agir selon le caprice de votre général ! 


M. HUBERT. — Vous avez déclaré, mon révérend, que vous vous opposeriez à la conspiration par tous les moyens possibles, licites ou illicites… Qu’entendez-vous par là, expliquez-vous ?

L’ÉVÊQUE. — Il serait capable de nous dénoncer ; il faut s’attendre à tout de la part des jésuites !

LE MARQUIS. — Nous dénoncer ! ah ! ah ! ah ! Tête bleue ! que ce serait donc bouffon ! d’honneur, je le voudrais, et j’en rirais longtemps ! ah ! ah ! ah !

LE JÉSUITE, impassible, et se dirigeant vers la porte. — J’ai dit…

M. HUBERT, l’arrêtant au passage. — Sacrebleu ! mon révérend, seriez-vous, en effet, capable de nous dénoncer ?

LE JÉSUITE. — Je suis capable de tout, est-ce clair ?… Oui, je suis capable de tout, afin d’empêcher un acte désapprouvé par le général de mon ordre et par la saine raison. Avis aux étourneaux qui, demain, tenteraient quelque sottise…

Ceci dit, le jésuite, profitant de la stupeur où son audace et son sang-froid jettent les autres conspirateurs, quitte la chambre, tandis que le marquis, trouvant l’aventure du dernier plaisant, se tient les côtes, se tord et rit à perdre haleine.

Le jésuite traverse la pièce voisine, où Lehiron fumait sa pipe en buvant bouteille avec l’ex-bedeau, tandis que le petit Rodin, agenouillé, récitait dévotement son oraison mentale.

— Eh bien ! mon révérend, — dit Lehiron au jésuite, — que fait-on demain ?

— Rien.

— Et mes hommes qui sont commandés, mon révérend ?

— Décommande-les.

— Suffit, mon colonel.