Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/228

Cette page n’a pas encore été corrigée

de nos armées ?… Quels dangers pour la France, à cette heure menacée de toutes parts !…

— Ces choix désastreux peuvent être reprochés à l’aveuglement ou à la partialité des girondins, non qu’ils confient sciemment à des traîtres le commandement des armées, mais ils recherchent surtout des officiers qui ne soient point entachés de jacobinisme… Cet esprit d’exclusion a les conséquences les plus funestes… Aussi, pour les conjurer, je compte beaucoup sur la publicité donnée à la lettre de Hoche par Marat…

—… Que ce jeune capitaine embrasse fraternellement, — ajoute Charlotte en frissonnant et répétant les derniers mots de la lettre adressée à l’Ami du peuple. — Il faut cependant, ainsi que tu le dis, que cet être effrayant ne soit pas absolument un monstre… lorsqu’on voit des hommes tels que le capitaine Hoche lui témoigner autant d’estime que de sympathie.

— Sans parler de l’espèce d’admiration sympathique qu’il inspire à ma pauvre Victoria, — ajoute Jean Lebrenn, et ses traits prennent soudain une expression de tristesse profonde. — Ah ! depuis bientôt trois mois qu’elle souffre de ce mal inconnu… dont les ravages deviennent de plus en plus visibles, j’ai eu souvent, je te l’avoue, la pensée… ne pouvant vaincre l’obstination de ma sœur qui se refuse à voir notre médecin… oui, j’ai eu la pensée d’amener ici à l’improviste Marat : son savoir médical et surtout son diagnostic sont, dit-on, des plus remarquables. Peut-être Victoria consentirait-elle à le consulter, lui dont elle était si enthousiaste… Mais… — Puis, s’interrompant en remarquant sur la physionomie de sa femme une préoccupation profonde et douloureuse, Jean Lebrenn ajoute : — Charlotte… tu parais distraite et péniblement affectée !…

— En effet, mon ami…

— Quelle est la cause de ton affliction ?

Madame Lebrenn garde un moment le silence ; puis, se recueillant, elle reprend : — Mon ami, lorsque tout à l’heure je suis venue