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peut détruire la république, ils seront nos maîtres s’ils veulent s’entendre. Je ne sais si ceux qui nous rassasiaient à chaque minute de déclamations atrabilaires sont de bonne foi dans leur emportement ; mais à coup sûr, s’ils étaient républicains, ils eussent fait à la patrie le sacrifice de ces déplorables dissensions qui la tuent ; ils se fussent bannis eux-mêmes de cette Assemblée, puisque leur présence est un sujet de troubles et de calamité publique. »

À ces mots, Danton, cédant à l’un de ces généreux élans de patriotisme si fréquents chez lui, a offert de se soumettre à cet ostracisme volontaire, adjurant ses collègues, chefs des autres partis, de donner comme lui l’exemple de cette abnégation civique… et de mettre ainsi terme aux luttes qui déchiraient la Convention. Malheureusement la voix de Danton n’a pas été entendue : girondins et montagnards, étant consciencieusement persuadés qu’eux seuls possèdent les moyens de défendre, de consolider la révolution, l’abandonner à la merci de leurs rivaux serait la perdre en la livrant aux mains de la trahison.

Ô fils de Joël !… ô mes frères du peuple !… que ces terribles enseignements ne soient pas perdus pour l’avenir : enfin, n’oublions jamais qu’il n’y a d’hommes prétendus indispensables par leur génie que sous les monarchies. La probité, la droiture, le bon sens, le patriotisme, le courage civique, l’abnégation, sont les premières vertus des serviteurs de la république et suffisent à l’accomplissement de leurs devoirs, si grands qu’ils soient.

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19 AVRIL 1793. — Que les terribles conséquences de l’initiative qu’ils viennent de prendre retombent sur les girondins !… ils seront peut-être un jour victimes de leur propre iniquité… ils subiront peut-être la loi qu’ils ont faite… Cédant à la haine et à la crainte que Marat leur inspire, ils l’ont, aujourd’hui, — sans vouloir entendre