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condamna les traîtres à l’impuissance. Nous venons vous parler de vos fautes, de vos devoirs ; et si, — comme nous en sommes persuadés, — l’amour de la patrie l’emporte dans vos cœurs sur les petites passions humaines, vous rendrez justice à notre zèle, vous applaudirez à nos conseils. Deux partis, citoyens, paraissent diviser la Convention nationale ; plus ardents à se détruire qu’à écraser le royalisme et l’aristocratie, on les voit occupés à s’attribuer les maux qui désolent la république, la complicité de toutes les conspirations et le projet de dominer.

» Pour nous, prolétaires, qu’une heureuse ignorance condamne à l’oubli des vices et de l’intrigue, nous qui sommes couverts, non de la boue des factions, mais de blessures et de haillons, nous, hommes du 14 juillet et du 10 août, nous voyons aujourd’hui que le désir de cacher des fautes et de satisfaire de petites passions dirige seul les dénonciateurs des jacobins. Nous vous dirons que la cause de l’anarchie est dans l’esprit de défiance qui dévore tous les cœurs, et dans une Convention nationale abandonnée aux exaltations des partis… Représentants du peuple ! imposez silence aux basses et petites passions de l’amour-propre : manifester la ferme résolution de punir tous les conspirateurs… tel est votre devoir ; ne pas déclamer contre les factions, mais en éteindre la torche ! De pas calomnier un peuple qui était mûr pour la république avant le 10 août ; mettre plus de justice et moins de haineuse précipitation dans l’accusation de vos collègues ; ne pas les juger coupables lorsqu’on n’a pas le désir de les trouver innocents.

» Oui… voilà, citoyens, ce que vous devez faire. Alors les ennemis de la république ne s’agiteront plus, et la paix à laquelle vous les aurez condamnés amènera la tranquillité publique. En des temps aussi agités, Pétion, maire de Paris, donnait les mêmes leçons aux hommes chargés de l’exécution des lois : — C’EST EN ESTIMANT LES HOMMES (écrivait-il à Dupont de Nemours) QU ON LES REND BONS ET DIGNES DE LEUR NATURE. Vous qui manifestez toujours