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sommes pas des hommes de sang, comme nous ont dépeints les ennemis de la liberté, et c’est pour nous un beau jour que celui où nous rendons à la société un citoyen qui n’a pas démérité l’estime publique. »

Le citoyen Brichet, deuxième juré :

« Revêtu du caractère honorable de juré dans ce tribunal établi pour faire courber la tête des conspirateurs, j’ouvre la loi sur l’institution du jury, et je lis : « — Le juré prononcera selon son intime conviction. » — Alors, les soupçons que je puis avoir doivent tomber devant elle, et pour m’y conformer, je déclare que le fait reproché au prévenu n’est pas constant. »

Le citoyen Sentex résume ainsi son opinion : « J’ai suivi avec tranquillité d’âme la déclaration en faveur de la conduite de l’accusé. Ma conscience cesse de s’alarmer quand, à ces puissants motifs de conviction, viennent se rallier les preuves de l’amour de l’accusé pour la liberté, pour le régime républicain. Je déclare donc que, sourd à toute autre influence que celle de la justice et de la vérité, rien ne me prouve que le prévenu ait conspiré contre la république. »

Ah ! si un pareil tribunal, inexorable envers les traîtres, équitable envers les innocents, eût remplacé, en août 1792, cette haute cour nationale d’Orléans dont la révoltante iniquité, les scandaleux acquittements, exaspérant l’indignation publique, ont en partie provoqué les massacres de septembre, ces fatales journées eussent été prévenues par l’éclatante condamnation des coupables de lèse-nation ; ils eussent légalement expié leur crime sur l’échafaud, tandis qu’ils sont aujourd’hui exaltés comme des martyrs ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

24 MARS 1793. — Malgré l’aversion des girondins pour les mesures révolutionnaires, les événements deviennent tellement menaçants que la Convention, entraînée par la minorité, a nommé une commission dite de salut public et de défense générale, composée des citoyens :