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Cathelineau, sont prêts à prendre les armes, et pour mettre en goût nos braves populations catholiques, ils ont préludé au soulèvement par le massacre de quelques volontaires républicains allant rejoindre le bataillon de Mayenne et de Loire.

LE TOULONAIS. — Toulon, Marseille, Nîmes, une partie du Midi, aussi travaillés par nos agents, qui ont exploité habilement la mort de Louis XVI, n’attendent aussi que l’instant de l’action.

LE JÉSUITE MORLET. — Et à Paris, monsieur Hubert, que se passe-t-il ? vous devez le savoir mieux que moi… qui suis de retour ici depuis peu de jours.

M. HUBERT. — Il existe à cette heure un grand ferment de sédition, le voici : jusqu’à présent, la réquisition pour les armées n’a généralement atteint que les gens du peuple ; or, ces sans-culottes, n’ayant à risquer que leur maigre peau, sont allègrement partis pour la frontière ; mais la réquisition vient d’atteindre une classe moins patriote, comme disent les jacobins : il s’agit d’enrôler les commis de boutique, les garçons de café, les perruquiers, et une foule de petits rentiers célibataires fort peu soucieux d’aller combattre Pitt et Cobourg. Ils maudissent la montagne qui a forcé la Convention à décréter presque une levée en masse, et comptant sur le secret appui des girondins, ils sont résolus de se montrer réfractaires à la réquisition.

LE JÉSUITE MORLET, frottant ses mains. — Excellent… excellentissime !… Et cette chère disette ? fait-elle toujours des siennes ? ne va-t-on point pendre derechef quelques boulangers ?

M.HUBERT. — La disette est plus apparente que réelle… mais grâce à la panique que nous inspirons, la canaille s’inquiète, s’alarme et s’agite.

LE JÉSUITE MORLET. — À merveille ! (S’adressant à l’abbé Roux.) Et quel est au vrai l’état moral des partis à la Convention, mon cher frère en Jésus-Christ ?

L’ABBÉ ROUX. — La jalousie, la haine des girondins contre les