L’ABBÉ ROUX. — Dumouriez, au civisme duquel Robespierre rendait encore dernièrement hommage à la tribune !
LE LYONNAIS. — Dumouriez, à la fois soutenu par la gironde et par la montagne !
LE JÉSUITE MORLET. — Dumouriez est doué d’un orgueil excessif et d’appétits nombreux… mais insatiables : il est libertin, il est homme de bonne chère, il est joueur, il est prodigue à outrance, ce cher général, et il a de plus le bon sens de comprendre qu’en fin de compte l’austère et rigide république, — fût-il vainqueur de l’Europe, — ne lui décernerait jamais, au nom de la patrie reconnaissante, qu’une couronne civique de simples feuilles de chêne, moyennant lesquelles feuilles de chêne il ne saurait vraiment mener grand train, joyeuse vie et entretenir magnifiquement des drôlesses ; d’où il suit qu’il s’est vendu à beaux millions comptants à la coalition. Elle a fait un pont d’or à sa défection, et pour le passer, ce pont d’or, Dumouriez n’attend qu’un moment opportun.
M. HUBERT. — Mais, encore une fois, l’abbé, il me semble impossible…
LE JÉSUITE MORLET. — Vous souvenez-vous du comte de Plouernel, notre ci-devant complice ?
M. HUBERT. — Certes : il a, m’avez-vous dit depuis, rejoint l’émigration avec cet insupportable marquis d’une jovialité si déplaisante.
LE JÉSUITE MORLET. — Eh bien ! le comte de Plouernel est aide de camp du prince de Cobourg, et c’est lui qui m’a donné avis de la prochaine trahison de Dumouriez. Cette défection, vous le voyez messieurs, nous donne beau jeu à l’extérieur ; maintenant, deux mots de l’intérieur et des provinces.
LE LYONNAIS. — Lyon, travaillé par les prêtres et par les nobles, est prêt à se soulever à la voix du comte de Précy… et à appeler l’armée piémontaise, qui attend le signal pour passer la frontière.
LE NANTAIS. — La Vendée, une partie de l’Anjou et de la Bretagne sont organisées par l’abbé Berlier… Des hommes d’action, Stofflet,