indestructibles, l’éducation quelle qu’elle soit jette dans l’esprit des enfants ; et pour citer un exemple qui me touche, pensez-vous que mon fillot, le petit Rodin, éduqué comme il l’est par moi… ne deviendra point, si Dieu lui prête vie… l’un des plus fermes soutiens de l’Église de Rome, l’un de ses plus implacables militants ? Ah ! l’éducation ! l’éducation ! tout est là… Est-ce que même en ces abominables jours… quoi que fassent, quoi que disent les révolutionnaires, la masse de la plèbe… et ce sera là notre salut… la masse de la plèbe, malgré ses sauvages entraînements, malgré la férocité de ses appétits, n’a pas conservé un vieux levain monarchique et surtout catholique ?…
L’ABBÉ JACQUES ROUX. — Ah ! béni soit Dieu !… c’est là notre unique espoir ; n’avons-nous pas vu encore les sections les plus forcenées, les plus révolutionnaires, défendre la châsse de sainte Geneviève, la patronne de Paris, contre les impies qui voulaient les profaner… ces saintes reliques…
LE JÉSUITE MORLET, à M. Hubert qui hausse les épaules. — Superstition imbécile, direz-vous, monsieur Hubert ? Eh ! parbleu ! tant mieux… plus elles sont imbéciles, plus elles sont tenaces, les superstitions ; et plus elles sont tenaces, plus elles nous servent !
M. HUBERT. — Soit : je le reconnais trop tardivement… car j’ai eu le malheur d’admirer Voltaire, cet indomptable démolisseur du fanatisme ! Il est, certes, plus facile de refréner, de mater un peuple plongé dans la crasse épaisse des superstitions, que de refréner, que de mater un peuple éclairé ? Mais, encore une fois, malgré leur importance, ce sont là des questions d’avenir, et nous devons ici nous occuper du présent.
LE JÉSUITE MORLET. — Il est bon là, monsieur Hubert ! est-ce que les actes du présent ne doivent point nous être inspirés par les appréhensions ou par les espérances que nous donne l’avenir ? Or, comment agir maintenant sans la prévision des futurs contingents ? Est-ce que ce n’est point à seule fin d’empêcher le futur affermissement de la