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LE COMTE DE PLOUERNEL, d’un air sombre. — Assez, assez, mon révérend, ne me rappelez pas…

LE JÉSUITE MORLET. — Que vous avez été dupe d’une aventurière, qui, je vous l’ai dit, appartenait à cette damnée famille Lebrenn !

LE COMTE DE PLOUERNEL, pâlissant de fureur à ce souvenir. — Encore une fois, c’en est assez, vous dis-je ! vous ne savez pas ce que j’ai souffert de cette cruelle déception !

LE JÉSUITE MORLET. — J’insiste là-dessus, afin de vous prémunir contre un danger : cette damnée femme et son frère demeurent justement dans la maison voisine de votre refuge, à savoir, numéro 17, près la porte Saint-Honoré. Soyez donc sur vos gardes, car jamais les Lebrenn n’auront trouvé meilleure occasion d’assouvir sur vous la haine dont ils poursuivent votre famille depuis tant de siècles.

LE COMTE DE PLOUERNEL. — Ah ! demain verra, je l’espère, le châtiment de cette race maudite, dont les Lebrenn sont les représentants incarnés ! Sur ce, messieurs, maintenant que ce fou de marquis est redevenu à peu près raisonnable, nous pouvons reprendre le cours de notre délibération.

LE MARQUIS, à M.Hubert. — Cher monsieur, ce n’était pas de vous que je riais, foi de gentilhomme ! mais de votre drolatique accoutrement, et je…

M. HUBERT, froidement. — Il suffit : j’accepte, monsieur, vos excuses.

LE MARQUIS. — Tête bleue ! des excuses… entendons-nous ! Je…

LE COMTE DE PLOUERNEL. — Pour Dieu ! marquis, laisse-nous donc en repos. (À M. Hubert.) Lorsque vous êtes entré, le révérend prétendait mettre en délibération la question de savoir s’il était opportun (ce qui me semblerait une folie) de retarder le mouvement projeté, jusqu’après la condamnation du roi, au lieu d’agir demain, ainsi que nous nous le proposions…

M. HUBERT. — Ce retard serait d’autant plus funeste, que ce soir une caisse d’armes, contenant aussi plusieurs exemplaires de nos