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Moi, Jean Lebrenn, j’extrais de mon journal ces passages relatifs au procès, au jugement et à l’exécution de Capet.

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15 JANVIER 1793. — La Convention, après avoir entendu la défense de Desèze, l’un des avocats de Louis XVI, met aux voix cette première question :

« LOUIS CAPET EST-IL COUPABLE DE CONSPIRATION CONTRE LA LIBERTÉ DE LA NATION ET D’ATTENTAT CONTRE LA SÛRETÉ GÉNÉRALE DE L’ÉTAT ? »

L’Assemblée se composait de sept cent quarante-neuf membres.

Six cent quatre-vingt-trois membres ont répondu :

OUI, L’ACCUSÉ EST COUPABLE.

Plusieurs des conventionnels présents à cette séance se sont récusés comme juges, ou ont décliné leur compétence. Voici quelques-unes de ces récusations motivées : je les cite, fils de Joël, afin de prouver combien a été entière, absolue, la liberté de discussion et d’opinion, lors de ce procès solennel.

« Je déclare que je ne suis pas juge, et, en conséquence, je ne vote ni oui ni non.

» LALANDE, de la Meurthe. »

« Je ne me prononcerai ni comme juré ni comme juge, je n’en ai ni le droit ni la mission ; mais je voterai comme législateur sur les mesures de politique.

» GIROUX, d’Eure-et-Loir. »

« Oui, l’accusé est coupable, j’en suis convaincu comme citoyen, je le déclare comme législateur ; comme juge, je n’ai pas qualité, je ne prononce rien.

» CLAUDE FAUCHET, du Calvados. »

En lisant la récusation suivante, fils de Joël, vous éprouverez comme moi une religieuse admiration : jamais le divin sentiment de l’équité ne s’exprima d’une manière plus digne et plus touchante.