Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/107

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’honneur, de n’entrer désormais dans aucune conspiration et de vivre paisible à Paris, j’espère, grâce à mes relations avec le procureur de la commune et quelques membres du conseil de sûreté générale, obtenir que l’on arrête le cours des poursuites dirigées contre M. Hubert comme suspect ; je ne lui demande rien qu’un homme d’honneur ne puisse accepter, vous le voyez, madame ; je ne lui demande rien qui touche à l’abandon de ses opinions, rien, enfin, qui l’engage envers la république, sinon de respecter les lois établies.

— Ah ! mon oncle est sauvé, ma mère : cette proposition est trop loyale, trop équitable, pour qu’il ne l’accepte pas.

— Mon espoir est d’autant plus grand, chère enfant, que, dans sa dernière lettre, mon frère, toujours si ardent, si opiniâtre dans ses opinions, m’a semblé complètement découragé, — répond madame Desmarais, et s’adressant à Jean avec effusion : — Ah ! monsieur Lebrenn, que de bonté ! que de grandeur d’âme !

— Est-ce que je l’aurais aimé sans cela, mère ? — dit Charlotte, radieuse. — Avais-je tort de ne vouloir d’autre époux que lui ?

— Non, non, c’est moi qui avais tort de méconnaître cet excellent cœur, ce noble caractère. Ah ! monsieur Lebrenn, me pardonnez-vous de…

— Jean, pour toute réponse, embrassez notre mère, — reprend Charlotte en poussant doucement son fiancé vers madame Desmarais. Celle-ci répond en tendant les bras au jeune artisan avec un attendrissement ineffable :

— Oui, oui, vous serez pour moi désormais le meilleur des fils ; je vous devrai l’oubli de mes chagrins, peut-être la vie de mon frère, et, bien assurément, le bonheur de Charlotte.

— Et maintenant, causons de nos projets, — reprit la jeune fille : — il est bien entendu, mère, qu’après mon mariage, tu viens demeurer près de nous ?

— C’est maintenant mon vœu le plus cher, mon enfant.

— Puisque nous parlons de projets, Charlotte, — ajouta Jean,