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Jean Lebrenn, d’abord surpris de la résolution de madame Desmarais, qui, selon ce qu’il venait d’entendre, semblait décidée de s’éloigner de son mari, se rappela bientôt les confidences à lui faites la veille par Charlotte, au sujet de l’odieuse conduite de l’avocat envers sa femme, et devina le motif de cette rupture.

— Vous faites appel à ma franchise, Charlotte ; je vous répondrai donc en toute sincérité, — dit le jeune artisan ; — je serais d’autant plus heureux de voir madame Desmarais demeurer près de nous, qu’il me semble presque impossible, après ce qui s’est passé entre elle et son mari, lors de l’évasion de M. Hubert, qu’elle puisse se résigner désormais à habiter la maison conjugale. — Et s’adressant à madame Desmarais d’une vois pénétrée, Jean Lebrenn ajoute : — Croyez-le, madame, par mon respect, par mon attachement filial, je m’efforcerai de vous faire oublier ce que vous avez dernièrement souffert, je tâcherai même, sans cependant vous affirmer le succès de mes démarches, car la volonté de votre frère peut beaucoup pour leur réussite… je tâcherai, dis-je, de le mettre à l’abri des poursuites dont il est l’objet.

— Grand Dieu ! — s’écrie madame Desmarais avec l’accent de la plus vive reconnaissance, — il serait possible ?… Quoi ! monsieur Lebrenn, vous espérez…

— Cet espoir, madame, est l’une des causes qui m’amènent ici ce matin ; j’aime trop tendrement ma sœur pour ne pas compatir aux angoisses que vous cause le sort de votre frère.

— Ah ! Jean ! mon cher Jean, — reprend Charlotte d’une voix émue, — je suis profondément touchée, mais non surprise de ce que vous faites pour nous en cette circonstance ; vous avez deviné ma pensée, devancé mes vœux, car, tout à l’heure, en essayant de rassurer ma mère sur la destinée de mon oncle, je songeais à vous demander pour lui votre appui.

— Et moi, monsieur Lebrenn, je suis d’autant plus reconnaissante de votre générosité envers mon pauvre frère, que vous savez